C'est une nouvelle inégalité. Sauf qu’en l’occurrence, c’est à l’avantage des femmes. L’immunité anti-Covid durerait plus longtemps chez elle que chez les hommes. Le taux d’anticorps qu’elles développent après avoir fait connaissance avec le virus serait plus stable que chez les hommes.
Alors, je m’empresse de préciser qu’il s’agit là d’une première conclusion tirée des travaux menés par une équipe strasbourgeoise (on est donc dans l’est de la France, l’une des régions les plus sévèrement touchées par l’épidémie) sur plus de 300 personnes.
Vous trouverez l’intégralité de l’étude sur le site de l’INSERM, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Les chercheurs avancent plusieurs explications, mais ce sont plus des pistes de réflexion que des conclusions. Première piste : la génétique. Comme vous le savez, nous avons 23 paires de chromosomes. Et la vingt-troisième est particulière : c’est celle qui détermine notre sexe. Chez l’homme, c’est XY. Chez la femme, c’est XX.
La femme a donc le chromosome X en double exemplaire. Or, il se passe qu’une grande partie des gènes de l’immunité se situe sur le chromosome X. Voilà qui pourrait expliquer une meilleure réponse immunitaire de la part des femmes.
J’en profite pour ouvrir une parenthèse. Il y a une contrepartie à cette meilleure réactivité immunitaire des femmes : elles sont huit fois plus touchées que les hommes par les maladies auto-immunes du style sclérose en plaques, lupus ou polyarthrite rhumatoïde.
La maladie auto-immune vient en effet d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui le conduit à s’attaquer à l’organisme qu’il est censé défendre. Par principe, plus ce système est armé (et c’est le cas avec ce chromosome X en double exemplaire), plus il peut faire de dégâts s’il se retourne contre lui-même. Je referme la parenthèse.
Parmi les autres pistes, figure le rôle de l'épigénétique. Là, c’est l’environnement des femmes qui serait à souligner. Il y a aussi la piste hormonale. Tout cela mérite d’être creusé, affiné, et l’équipe strasbourgeoise n’en a pas fini avec cette étude qui, si elle nous renseigne sur une réponse immunitaire spécifique aux femmes, ouvre d’autres perspectives.
Des perspectives liées à la vaccination. Si demain, ces disparités en matière de réponse immunitaire se précisent, on peut imaginer qu’il en soit de même pour la réponse vaccinale. Ce qui pourrait déboucher sur des schémas de vaccination différents pour les femmes et pour les hommes.
Mais pour l’instant, femme ou homme, on vous propose le même type de vaccin, en tout cas pour une marque donnée. Et je vous conseille, évidemment, de vous faire piquer. Pour vous et pour la collectivité.