Le coronavirus peut-il circuler en suspension dans l'air et doit-on craindre une contamination de cette manière ? Cette question importante, qui intrigue les scientifiques, a été relancée par une étude publiée cette semaine par la prestigieuse revue médicale américaine NEJM. Ses réponses, elles, restent encore en suspens.
"Nos résultats
indiquent que la transmission du SARS-CoV-2 par aérosol (...) est plausible", ont conclu les auteurs de ce rapport publié mardi 17 mars. Toutefois, il est impossible d'en déduire que le Covid-19, s'il
reste en suspend dans l'air après que quelqu'un a toussé ou éternué, puisse
contaminer d'autres personnes.
Aujourd'hui, la seule certitude est qu'il se transmet essentiellement par contacts physiques ou par voies respiratoires : ce sont les gouttelettes expulsées par une personne infectée qui peuvent transmettre la maladie. C'est pourquoi les autorités sanitaires conseillent de maintenir une distance d'au moins un mètre.
Mais dans cette étude, les chercheurs ont démontré que le coronavirus pouvait survivre pendant trois heures sous la forme de particules suspendues dans l'air, ce que l'on appelle "aérosol". Pour cela, ils ont projeté le virus dans l'air par nébulisation, c'est-à-dire avec une sorte de vaporisateur. Or, d'autres chercheurs soulignent que les conditions de l'étude ne correspondent pas à ce qui se passe dans la vie réelle.
En effet, le professeur Paul Hunter, de l'université britannique d'East Anglia, souligne que quand un malade tousse ou éternue, "les gouttelettes tombent au sol assez rapidement par rapport à un aérosol" car elles sont plus grosses et donc plus lourdes que celles qui composent un nuage vaporisé.
"Les aérosols ne constituent pas un modèle particulièrement valide de transmission", a-t-il estimé, ajoutant que la nouvelle étude "ne change pas forcément notre point de vue sur les risques du Covid-19". "Le risque est surtout de se tenir à environ un mètre de quelqu'un qui est infecté ou en touchant des surfaces sur lesquelles sont tombées ces gouttelettes", a-t-il insisté.
Pour autant, "on ne peut pas totalement écarter l'idée que le virus soit capable de parcourir une certaine distance dans l'air", a de son côté déclaré le Dr Anthony Fauci, expert mondialement respecté, jeudi 19 mars sur la chaîne américaine NBC. Si cette hypothèse était confirmée par d'autres travaux, cela changerait radicalement ce qu'on sait de la maladie et des moyens de s'en prémunir - notamment le fait qu'on juge inutile de porter un masque si on n'est pas malade.
Au-delà de la population générale, les risques de transmission par aérosol peuvent déjà exister pour des catégories très ciblées, comme les dentistes, en raison de gestes liés à leur activité. Lors de plusieurs types d'actes, les dentistes pulvérisent en effet de l'eau dans la bouche du patient.
Aussi, les conclusions de l'étude du NEJM "sont surtout intéressantes pour les soignants qui effectuent certains gestes à l'hôpital sur des malades porteurs du virus, cela confirme la nécessité d'être bien protégé", a affirmé le virologue Étienne Simon-Lorière (Institut Pasteur) au journal Le Figaro.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.