Si le gouvernement place de grands espoirs dans la campagne de vaccination qui va démarrer ce dimanche 27 décembre, ce n'est pas gagné : la France est un des pays les plus réfractaires à la vaccination.
Nous sommes le pays qui a vu naître Louis Pasteur, inventeur - entre autres - du vaccin contre la rage à la fin du XIXe siècle, mais nous sommes aussi le plus méfiant, selon une étude de l'institut Gallup portant sur 144 pays.
Pourtant, il y a une vingtaine d'années, seuls 10% des Français s'avouaient sceptiques. Avant une première enquête britannique- qui s'avèrera fausse - liant vaccination et autisme. Puis on a soupçonné le vaccin contre l'hépatite B d'avoir des effets secondaires neurologiques. Il y a encore débat là-dessus mais le conseil d'État a donné raison aux personnes qui demandaient une indemnisation et ça a sans doute contribué à développer la défiance des Français.
D'ailleurs, la campagne de vaccination contre le H1N1, en 2009, a été un échec retentissant. Roselyne Bachelot, à l'époque ministre de la Santé, a été accusée d'avoir commandé des doses beaucoup trop massives, avec un coût non négligeable pour l'État. Mais le plus grave, c'est que sur cette campagne, on s'est aperçu qu'il y avait conflit d'intérêts entre les experts de l'Organisation mondiale de la santé et les laboratoires pharmaceutiques.
Aujourd'hui encore, l'idée qu'il y aurait une collusion entre l'État et l'industrie pharmaceutique est très largement partagée par les Français qui se méfient du vaccin, d'autant que le professeur Didier Raoult lui-même cautionne cette thèse.
C'est un sujet d'inquiétude pour le gouvernement, d'autant que cette défiance concerne d'autres vaccins : un tiers des plus de 65 ans ne se fait plus vacciner contre la grippe, avec des conséquences sur la politique de prévention.
Paradoxalement, le fait de rendre obligatoires onze vaccins pédiatriques il y a deux ans a apaisé les doutes des parents. Sur la Covid-19, pourtant, Emmanuel Macron a pris la décision de ne pas obliger les gens à se vacciner. Avec raison, car ça aurait sans doute conforté l'opposition au vaccin. Il faut dire que le manque de recul nourrit une inquiétude légitime, le président l’a reconnu dans son interview à Brut, début décembre.
Il y a donc un gros enjeu pour le gouvernement, qui n'a pas intérêt à se rater là-dessus. Les anti-vaccins résolus approchent les 30% ; les hésitants, qui peuvent basculer dans un camp ou dans l'autre, sont près de deux tiers des Français tout de même, selon l'institut Ipsos. Seuls 13% des Français sont sûrs d'aller se faire vacciner, c'est très peu.
Les membres du gouvernement vont-ils se faire vacciner sous l'oeil des caméras, comme le demande Jean-Marie Bigard ? Aux États-Unis, l'actuel vice-président Mike Pence et Joe Biden se sont fait vacciner en direct, mais il y a eu une levée de boucliers quand des élus plus jeunes en ont fait autant. Les Américains les ont accusés de prendre les vaccins de ceux qui en avaient plus besoin qu'eux !
En France, on ne devrait pas voir Jean Castex ou Olivier Véran relever leurs manches. Ce serait contraire à la stratégie de vacciner d'abord les publics prioritaires. Quand bien même, au vu de la défiance qui touche nos élus, il y a fort à parier que le gouvernement serait accusé de faire de la communication, voire pour les plus complotistes de s’injecter de l’eau ou autre chose que le vaccin.
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