Accumuler trop de choses et ne pas arriver à faire le tri, ni à jeter, est un trouble fréquent. Il concernerait jusqu’à 6% de la population. C’est difficile d’estimer exactement le nombre de personnes concernées car beaucoup cachent leur trouble.
Cela touche plus les femmes que les hommes. En tout cas, ce sont elles qui consultent. On peut être atteint d’accumulation pathologique à tout âge, même enfant, mais cela a tendance à s’aggraver au début de l’âge adulte, et à s’accentuer avec les années.
On peut être bordélique ou collectionneur sans être atteint d’accumulation pathologique. Cela devient pathologique lorsqu’on ne peut plus circuler normalement chez soi, quand, par exemple, on ne peut plus s’asseoir sur le canapé ni dormir tranquillement dans son lit parce qu’ils sont recouverts d’objets…
Il y a un problème si on se dit : "Là, je ne pourrais pas inviter des gens à la maison" ou bien "si un dépanneur devait venir chez moi, j’aurais honte". L’accumulation pathologique peut engendrer des problèmes de sécurité puisque l’accès à des pièces peut être bloqué. Et cela peut aussi provoquer des conflits familiaux et un isolement social puisqu’on ne peut plus recevoir ses proches.
Selon Vincent Trybou, psychologue et auteur du livre Se libérer de l’accumulation pathologique (ed. Dunod), il y a des personnes qui ont des traumas et qui se sentent protégées dans une maison surchargée. D’autres ont un attachement affectif excessif aux objets : "Ça, ça vient de ma grand-mère; ça, ça me rappelle un souvenir de Saint-Malo ; ça, je jouais avec quand j’étais petit…".
Dans ce cas, jeter l’objet, c’est comme jeter une partie de leur vie ou quelqu’un qu’ils ont aimé. Cela peut aussi être lié à l'anxiété. "Tel papier, on pourrait me le réclamer dans 10 ans ; ça, je pourrais en avoir besoin…". Cela peut aussi toucher les personnes dépressives qui n’ont plus l’énergie pour ranger. En période de grosse déprime, certaines personnes se laissent envahir par les objets.
Le psychologue remarque que les personnes souffrant de trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont, elles aussi, souvent des problèmes d’accumulation. Ayant une fatigabilité rapide au niveau de la motivation et des difficultés d’organisation, elles n’arrivent pas à ranger suffisamment. En revanche, on assimile souvent l’accumulation pathologique au syndrome de Diogène, alors que c’est différent. Ce syndrome ne se déclare qu’après 60 ans et révèle une entrée en démence.