Changement de couleur des yeux, paupières gonflées, cernes : alerte sur les risques des sérums pour faire pousser les cils

Faux cils semi-permanents, extensions, rehaussements de cils… Le marché des cils a explosé, tout comme les marques de sérums pour la pousse : Revitalash, Grandlash, Uklash, Kiko, The Ordinary et bien d’autres surfent sur la quête du regard de biche... 

La promesse d’un glow up assuré, couplée aux nombreux codes promos des influenceurs sur les réseaux sociaux. Et les témoignages après l'usage de ces sérums durant plusieurs mois s’enchaînent à un rythme effréné. 

On y entend les mérites de ces produits qui promettent des cils "incroyables", preuve à l’appui. Mais derrière l’esthétique, les risques de ces produits sont désormais documentés.

"Une composition épouvantable"

Depuis quelques temps, certains utilisateurs TikTok alertent : "n’achetez jamais ce sérum", une "composition épouvantable" ou encore les effets néfastes directs. 

C'est le cas d'une internaute du réseau social qui a livré son expérience en guise de prévention : "Les premiers mois j’avais de très beaux cils, ils poussaient de malade puis j’ai commencé à avoir les yeux qui grattent, puis la paupière rouge gonflée". 

Une autre explique avoir été "choquée" par les résultats, tout en mettant en garde contre "les nombreux risques" et la chute des effets dès l’arrêt du produit.

L’alerte de l’Anses : des substances pouvant modifier l’iris

Dans son dernier bulletin publié ce jeudi 11 décembre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) met en lumière la présence, dans certains sérums, de substances proches des prostaglandines, hormones qui contribuent à la croissance mais aux effets indésirables. 

En février 2025, l’Anses a été alertée via son dispositif de cosmétovigilance d’un cas particulièrement inquiétant. Une jeune femme, utilisatrice d’un sérum appliqué quotidiennement pendant cinq mois, a constaté un changement net de couleur de son œil gauche, devenu plus foncé. 

Celle-ci a également perdu de la graisse autour de ses deux yeux, accentuant fortement ses cernes. L’enquête a révélé la présence dans le produit d’isopropyl cloprostenate, une substance analogue aux prostaglandines, directement responsable de ces effets.

Ces hormones ne sont pas inconnues du milieu médical. Les prostaglandines sont utilisées en collyre pour traiter le glaucome, pathologie qui altère la vision, et sont connues pour favoriser la pousse des cils. 

Mais elles peuvent aussi entraîner le changement définitif de la couleur de l’iris, des irritations oculaires chroniques ou la fonte graisseuse périorbitaire, observés chez près de 10 % des patients sous traitement. 

En ophtalmologie, ces risques sont encadrés, expliqués et acceptés, car le traitement est indispensable. Dans la cosmétique, ce cadre n’existe pas.

Une réglementation européenne en réflexion

Le Comité Scientifique Européen pour la Sécurité des Consommateurs (SCCS) a rendu en juin dernier un avis préliminaire indiquant qu’aucun des trois analogues de prostaglandines étudiés ne peut être jugé sûr dans les produits cosmétiques. 

Les conclusions finales de l’Union européenne pourraient conduire à une restriction, voire à une interdiction de ces substances dans les sérums pour cils.

En l’absence d’évolution immédiate de la réglementation, l’Anses prend les devants et appelle les utilisateurs à la prudence. Certains effets, comme le foncement de l’iris, sont irréversibles et ne sont pas mentionnés sur les emballages. 

Face à une tendance portée par les influenceurs et une pression esthétique forte, l’Agence veut rappeler que "naturel" ne signifie pas sans risques et que des produits vendus comme cosmétiques peuvent mobiliser des substances initialement destinées à des traitements médicaux.

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