Les deux produits se ressemblent, mais ils ont un goût et un profil nutritionnel différents. Le beurre apporte des acides gras saturés dont la consommation excessive favorise le mauvais cholestérol. C’est pourquoi il n’est pas recommandé d’en abuser. Mais une consommation raisonnable, disons entre 10 et 20 grammes par jour, ne pose pas de problème.
10 grammes, pour donner une idée, c’est l’équivalent d’un petit beurre servi en portion individuelle au restaurant. "Aujourd’hui, des études montrent que les matières grasses laitières, comme le beurre, consommées en petite quantité, ne sont pas défavorables pour la santé cardiovasculaire, souligne le Dr Jean-Michel Lecerf, nutritionniste à l’institut Pasteur de Lille. Le beurre a donc sa place dans une alimentation équilibrée. La seule précaution à prendre, c’est de faire attention à la quantité". Ainsi, si on en met sur ses tartines du petit-déjeuner, on cuisinera ensuite à l’huile.
Et la margarine alors, est-ce une alternative plus saine ? Pas forcément, même si la margarine, qui est une invention française, combat depuis des décennies le beurre sur le front de la santé. Alors qu’à l’origine, elle contenait de la graisse de bœuf - elle a été inventée en 1869 par Hyppolite Mège-Mouriès, chimiste et pharmacien, en réponse à un défi lancé par Napoléon III qui souhaitait une alternative durable au beurre pour nourrir les soldats au front – aujourd’hui, elle est élaborée avec des matières grasses végétales.
Elle a une composition moins naturelle que le beurre, car elle contient des émulsifiants. Mais elle apporte plus de graisses insaturées que de graisses saturées, et pas de cholestérol. C’est la raison pour laquelle les fabricants l’ont souvent présentée comme une alternative plus saine au beurre, notamment pour réguler son taux de cholestérol.
Pourtant, ses atouts diffèrent selon sa composition. Il n’existe pas une, mais des margarines. On trouve, en effet, sur le marché des produits très différents. Par exemple, les margarines riches en huile de tournesol, de maïs, de soja… ne sont pas meilleures pour la santé. Elles sont majoritairement constituées d’oméga-6, des acides gras essentiels, déjà bien présents dans nos assiettes et à équilibrer avec les oméga-3.
"Si on a trop de cholestérol ou si on est à risque cardiovasculaire, les margarines à base d’huile de colza et de lin, riches en oméga-3, peuvent être intéressantes, souligne le Dr Jean-Michel Lecerf. Elles contiennent plus d’acides gras polyinsaturés. De ce fait, elles sont susceptibles d’abaisser un peu le cholestérol. Et les Oméga-3 participent au bon fonctionnement cardiovasculaire. On trouve aussi des margarines enrichies en phytostérols, des lipides végétaux qui entrent en compétition avec le cholestérol d'origine animale au niveau intestinal et diminue son absorption.
Elles abaissent le cholestérol sanguin, mais les études ont montré qu’elles ne réduisent pas le risque d’accident cardiovasculaire. "C’est la raison pour laquelle on ne les recommande plus tellement maintenant", précise le Dr Lecerf. Par ailleurs, comme les phytostérols diminuent l'absorption de bêtacarotène, ces margarines sont déconseillées aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants.
Quant aux margarines allégées, elles n’ont pas vraiment d’intérêt. Il n’a pas été démontré qu’elles aidaient à maigrir ou faisaient davantage baisser le cholestérol.
En conclusion, selon sa composition, la margarine est plus ou moins intéressante. Elle reste un produit transformé. Beurre et margarine sont, de toute façon, à consommer avec modération. En ce qui concerne les matières grasses, c’est bien de jouer avec la diversité de produits dont on dispose : le beurre, les margarines et les huiles. D’ailleurs, on peut aussi mettre de l’huile d’olive sur ses tartines… Ce qui est important, c’est de varier les corps gras et de faire attention aux quantités pour prévenir le surpoids.