La France Insoumise ne pas voulu tomber dans le piège tendu par le Rassemblement national sur les soignants non-vaccinés, et a donc décidé de retirer leur proposition de loi sur leur réintégration.
En novembre dernier, les députés LFI avaient déposé un texte sur le sujet, défendu par sa rapportrice, la députée de Meurthe-et-Moselle Caroline Fiat. Mais celui-ci n'a pas pu être adopté, faute de temps. Ce mardi, Marine Le Pen avait annoncé l'inscription de ce texte controversé à l'agenda de sa "niche parlementaire" du 12 janvier, sans l'accord de LFI.
Néanmoins, le RN avait échoué à obtenir que l'un des siens en soit désigné co-rapporteur. LFI s'était dans un premier temps réjouit de cela, Caroline Fiat se targuant de rester l'unique rapporteure à défendre le texte sur le temps imparti au parti d'extrême droite. Mais ce mercredi donc, le groupe LFI a retiré cette proposition, en expliquant
que "les soignants suspendus n'ont pas vocation à servir les coups de
communication du RN", et qu'il déposerait "une nouvelle proposition
de loi" sur le sujet.
Dénonçant "une basse reddition politicienne", le parti d'extrême droite a accusé, dans un communiqué, LFI de "passer ses intérêts politiciens avant l’intérêt général", et de préférer "sacrifier les soignants en retirant son texte plutôt que de le voir discuté à l’occasion de la journée parlementaire réservée au groupe RN".
Mardi soir, le chef des communistes Fabien Roussel avait tweeté : "Pas ça !", tandis que le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait appelé mercredi matin LFI à ne pas tomber "dans ce piège à pieds joints". Ce dernier réclamait que les insoumis "prennent une décision qui permette de ne pas laisser l'idée qu'il puisse y avoir une confusion" entre le RN et la gauche.
Les députés de macronistes en ont également profité pour accuser, par la voix de Stéphane Séjourné, "l'extrême gauche et la Nupes" de franchir "une nouvelle étape dans leur lune de miel avec les lepénistes".
"Le groupe LFI retire son texte usurpé par le RN. La frontière est claire", a souligné sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, accusant à l'inverse "la macronie et le RN" de voter "ensemble contre les locataires et pour l’insécurité".
L'annonce a soulagé les partenaires de la Nupes: "une décision qui s'imposait", pour Fabien Roussel, "C’est la bonne décision. Le RN joue. Pas la gauche", a salué Olivier Faure. "Une bonne décision" également pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, pour qui "jamais nous ne soutiendrons un texte porté par le RN", qui est "hors du champ républicain."
Ce n'est pas la première fois que le RN met la gauche dans l'embarras. Lors
du vote de la première motion de censure LFI contre le gouvernement, dans le
cadre du budget, le parti de Marine Le Pen s'était rallié contre toute attente
à ce texte, divisant l'alliance de gauche.
Le Rassemblement National avait ensuite voté d'autres motions de censure LFI, entrainant des
défections plus ou moins importantes des autres partenaires de gauche.