Le constat est rude. La stratégie de la France insoumise à l'Assemblée n'a pas les effets escomptés sur les Français. Passé de 17 à 75 députés, le groupe mené par Mathilde Panot est sévèrement jugé par les électeurs à en croire deux études sorties à quelques semaines d'intervalle.
Le 22 septembre dernier, l'Ifop pour Sud Radio pointait que l'image de Jean-Luc Mélenchon s'était détériorée depuis l'élection présidentielle. Le chef de file de la France insoumise est perçu comme "dépassé" par 60% des Français. Une conséquence directe de sa gestion de l'affaire Quatennens.
Dans le détail, le constat n'est guère plus reluisant pour l'ex-député des Bouches-du-Rhône. 60% des personnes interrogées considèrent majoritairement Jean-Luc Mélenchon comme un handicap pour la France insoumise. Ils sont 67% à dresser un constat similaire à l'échelle de la Nupes et aussi 67% a estimé qu'il pourrait être un obstacle au retour de la gauche au pouvoir.
Les députés LFI aussi bénéficient d'une image qui s'est dégradée. Selon une étude Ipsos et Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof, 53% des Français estiment que l’opposition de la France insoumise est "trop radicale". "A trop vouloir s’opposer, la France Insoumise se décrédibilise aux yeux des Français et ne répond pas à ce qu’ils attendent d’une bonne opposition", souligne l'étude.
Des reproches qui ne sont pas formulés à l'encontre des députés du Rassemblement national. Le reproche en trop grande radicalité n’est fait que par 34% des Français. 29% estimant au contraire que le groupe, composé de 89 députés, "au bon niveau" et 13% pas assez radical.
Le problème, c'est de passer le mur du son
Un député La France insoumise
La France insoumise se serait-elle trompée de stratégie ? C'est l'idée qui commence à murir dans les esprits de certains élus. Un député LFI souhaite "plus de solennité" dans le groupe. "Le problème, c'est de passer le mur du son : comment fait-on pour être solennel, sérieux et responsable et aussi entendu ?, s'interroge-t-il. Il faut un ton plus solennel".
Et comme souvent au sein de la France insoumise, c'est François Ruffin qui a décidé de dire tout haut, ce que plusieurs pensent tout bas au sein du mouvement. Sur France inter le 10 octobre dernier, le député LFI de la Somme a confié "ne plus avoir envie d'hurler sur les bancs de l'Assemblée nationale". "Je l'ai dit au groupe : 'Ca ne sert à rien. Ca renforce le RN. Je vais me 'soc-demiser' (en référence aux députés socialistes, ndlr).
Mais comment cela va-t-il se traduire concrètement ? Selon un insoumis de la première heure, LFI doit conserver sa culture du "coup de gueule". Mais c'est dans le profil de ces dirigeants que le mouvement doit évoluer. Un nouveau coordinateur de la France insoumise doit-il être nommé pour remplacer Adrien Quatennens ? En filigrane, c'est surtout le poids de Jean-Luc Mélenchon et de ses coups d'éclat qui commence à être contesté.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous