Sécheresse, loi Duplomb : où en est le débat sur les méga-bassines ?

Lundi 30 juin, 14 députés et sénateurs vont examiner, en commission mixte paritaire, une proposition de loi pour faciliter la vie des agriculteurs. Une loi décriée par les écologistes, qui prévoit entre autres de faciliter la construction de mégabassines, ces grandes réserves d’eau qui avaient entraîné des manifestations violentes en mars 2023 dans les Deux-Sèvres.

Deux ans plus tard, qu’est-devenue la bassine de Sainte-Soline ? Cette grande piscine, construite au milieu des champs de céréales, fonctionne aujourd’hui. De gros tuyaux y pompent de l’eau acheminée vers une quarantaine de fermes aux alentours.

Thierry Boudaud préside la coopérative de l’eau des Deux-Sèvres. En pleine canicule, il constate l’intérêt d’avoir construit cette bassine : "Les agriculteurs qui ont la chance d’être raccordés là sont beaucoup plus sereins, ils peuvent alimenter leurs troupeaux, donc ça nous encourage à aller plus vite et à faire les retenues qu’il nous reste à faire", indique-t-il au micro de RTL.

Des effets néfastes sur les nappes phréatiques ?

Dans les Deux-Sèvres, 12 bassines supplémentaires sont prévues. La justice a donné son feu vert pour huit d’entre elle. Les quatre autres posent problème, car les ouvrages menacent un oiseau protégé, une outarde. Les agriculteurs demandent donc à l’État une dérogation pour continuer les travaux.

Le problème de ces retenues d’eau est leur impact sur l’environnement et sur la biodiversité. C’est pourquoi, dans certains cas, la justice les interdit. 

De leur côté, les écologistes et certains agriculteurs dénoncent leurs effets néfastes sur les nappes phréatiques : "C’est un hold-up sur l’eau, on capte l’eau pour une minorité d’agriculteurs. Nous, on n’est pas contre le stockage, on n’est pas contre l’irrigation, mais ça doit se faire en bonne intelligence et dans le partage", explique Stéphane, un agriculteur qui fait partie de la confédération paysanne.

L’échec du modèle espagnol ?

Car actuellement, seuls ceux qui les financent peuvent pomper dans ces retenues. Les autres redoutent qu’à terme, les nappes se vident, comme en Espagne, pays champion des retenues d’eau, avec plus de 1200 bassines, où ce modèle est désormais remis en question parce qu’il a fini par assécher des rivières et des nappes.

En France, le gouvernement a décidé de faciliter la construction de bassines dans les endroits où il aura été prouvé qu’il restera de l’eau pour tout le monde.

Cette loi, qui sera examinée demain, facilite encore plus la construction des bassines, ce qui ne va pas arranger les relations entre agriculteurs.

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