Une drôle de campagne. Comme en 2017, il est difficile de faire des pronostics sur la campagne présidentielle de 2022 à 32 jours du premier tour de l'élection présidentielle. Un constat identique mais pas forcément pour les mêmes raisons.
En effet, la candidature surprise d'Éric Zemmour est venue donner du fil à retordre tant à Marine Le Pen qu'à Valérie Pécresse. Le Parti socialiste, représentée par Anne Hidalgo, est en chute libre dans les sondages. Et Emmanuel Macron mélange les genres entre un président qui gère la guerre en Ukraine et un candidat fraîchement déclaré.
Cependant, une ligne stratégique s'impose pour deux des 12 candidats à l'élection présidentielle : le vote utile, c'est-à-dire le fait d'accorder son vote au candidat qui a le plus de chance de l'emporter. Cette notion revient comme un bruit de fond persistant dans cette campagne et alimentée autant par Jean-Luc Mélenchon, que Marine Le Pen.
Numéro deux dans les sondages, Marine Le Pen a fait du vote utile son principal argument de campagne pour se différencier d'Éric Zemmour. "Il faut voter pour le seul choix utile, qui permette de battre Emmanuel Macron", a insisté le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella, sur Franceinfo le 7 mars.
Et d'ajouter : "Les électeurs d'Éric Zemmour sont des patriotes sincères. Je pense qu'ils voteront contre Emmanuel Macron et pour nous au second tour. Je veux juste leur dire : 'Ne gaspillez pas votre voix'".
Mais la théorie du vote utile ne fonctionne qu'en cas de mobilisation de l'électorat. C'est là que la stratégie de Marine Le Pen pourrait lui coûter cher. En plus du risque élevé d'abstention à l'élection présidentielle, la candidate du Rassemblement national doit faire face à un autre élément résumé par un de ses proches : "Notre problème, c'est l'abstention des nôtres et comment les mobiliser".
Pas question pour le clan Le Pen de s'avouer vaincu alors que les sondages placent tous la candidate au second tour, face à Emmanuel Macron. "Éric Zemmour, c'est le candidat du premier tour. Nous, c'est la candidate du second tour. C'est ça qui va déclencher le vote utile", prédit-on dans son entourage.
Encore faut-il accéder au second tour... Selon la dernière vague de notre sondage BVA datant du 4 mars, Marine Le Pen obtient 16% des intentions de vote, Valérie Pécresse et Éric Zemmour sont, quant à eux, à 13%. "Compte tenu des marges d’erreur, ces trois candidats sont en réalité dans un mouchoir de poche dans la bataille pour la deuxième place", précise BVA.
C'est sur ce point précis que l'équipe d'Éric Zemmour veut appuyer. Qui de mieux que Marion Maréchal pour enfoncer le clou ? L'ancienne députée FN du Vaucluse et nièce de Marine Le Pen avait d'abord indiqué qu'elle se rallierait derrière le candidat qui a le plus de chance de l'emporter. Avant de finalement décider de rejoindre le candidat Reconquête. Sur BFMTV le 9 mars, elle défendait son candidat. "J'avais le sentiment qu'on devenait malgré nous les idiots utiles du maintien du système. Mécaniquement, au second tour, la chose était verrouillée. La recomposition politique n'arrivait jamais. Avec Éric Zemmour, j'ai l'impression qu'il y a une porte qui s'ouvre".
À l'opposé de l'échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon poursuit lentement mais surement sa montée dans les sondages. Selon une dernière étude Elabe pour BFMTV publiée le 8 mars, le candidat de la France insoumise atteint la troisième position avec 13% des intentions de vote.
"Il règne dans notre équipe beaucoup d'allégresse, de bonheur. On est allés chercher notre position avec les dents", s'est félicité Jean-Luc Mélenchon comme le rapporte Le Figaro. Plus pragmatique, un élu la France insoumise se réjouit de ce dernier sondage. "Il y a croisement des courbes entre nous et Valérie Pécresse", a-t-il expliqué.
Dans l'équipe du candidat, on affiche clairement la stratégie : "Élargir la base". C'est là que le vote utile entre en jeu. Officiellement, le mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon évoque plutôt un "vote efficace". Une subtilité purement sémantique pour une définition qui reste la même.
À cela vient s'ajouter "l'effet Ségolène Royal", comme l'indique un proche de Jean-Luc Mélenchon. Pour rappel, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007 a affirmé que "le vote utile" à gauche était Jean-Luc Mélenchon. "Ce qu'elle a dit, c'est un vrai cadeau qui, pour l'instant, n'est pas empoissonné. C'est magnifique. Elle a été finaliste en 2007, évidemment que ça a un impact", se réjouit-il.
Ce vote utile est indispensable pour Jean-Luc Mélenchon mais il vient se heurter à la candidature du communiste Fabien Roussel. L'alliance n'est pas pour tout de suite à en croire les deux camps. "90% de nos votes sont communs et Fabien Roussel déploie beaucoup d'énergie pour marquer nos différences", se désole une élue insoumise. La France insoumise théorise ainsi le fait que les votes socialistes, écologistes et insoumis ne s'additionnent pas automatiquement, contrairement au vote insoumis et au vote communiste.
À noter que Fabien Roussel est estimé dans notre sondage BVA à 3,5%. Si l'on prend en compte le fait que l'accession au second tour en 2022 se fera avec un pourcentage plus bas que pour les précédentes élections présidentielles, la France insoumise pourrait en effet perdre une réserve de voix. D'où ce fameux "vote efficace".
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