Matignon : à quoi ressemble le portrait-robot du prochain Premier ministre ?

Après la parenthèse enchantée des Jeux olympiques, l'actualité politique va peu à peu reprendre ses marques. Dans un entretien à L'Équipe, Emmanuel Macron est revenu, une nouvelle fois,  sur sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale. "C'était beaucoup plus responsable de clarifier" la situation politique en la dissolvant "avant" les Jeux, considérant que cette décision ne les avait pas "gâchés". 

Ceci étant dit, le président de la République est resté mystérieux quant à l'identité du prochain Premier ministre. Pourtant, la date fixée par Emmanuel Macron se rapproche. Le 23 juillet dernier, le chef de l'État avait indiqué : "De manière évidente, jusqu'à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux. Et puis à partir de là, en fonction de l'avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre".

En attendant de connaître sa décision, à quoi ressemble le portrait-robot du prochain premier ministre ? 

En capacité de former une coalition

Celui ou celle qui succèdera à Gabriel Attal à Matignon, devra s'atteler à former une coalition avec d'autres forces politiques. Pourquoi ? Pour éviter, tant pour son gouvernement, que pour lui, une motion de défiance votée par les députés. Cette dernière entraînerait la démission de l'exécutif. 

Cependant, l'exécutif en place a souligné qu'une coalition avec la France insoumise était exclue. "Jean-Luc Mélenchon a lui-même théorisé le principe de tout conflictualiser, au point de se mettre en marge de ce qui est notre République", a expliqué la porte-parole du gouvernement démissionnaire Prisca Thévenot. Elle souhaite, cependant, "pouvoir faire une coalition avec les forces républicaines, qui vont de la social-démocratie aux LR historiques". 

Il y a la nécessité de trouver un Premier ministre qui soit porteur d'une culture du compromis

Pascal Perrineau dans "Le Figaro"

"Tout dépendra du gouvernement, de la personnalité du Premier ministre et des ministres qui construiront ces majorités. Il y a la nécessité de trouver un Premier ministre qui soit porteur d'une culture du compromis, alors que ce n'est pas la principale qualité de la culture politique française", analyse le politologue Pascal Perrineau dans les colonnes du Figaro.

Un ancrage territorial

Autre critère qui revient dans les propos des élus : l'ancrage territorial. Dans un entretien au Télégramme, le député Liot du Morbihan Paul Molac, estime que le prochain locataire de Matignon, doit avoir "une personnalité ancrée dans les territoires, pas parisienne". "Il devra faire preuve d’ingéniosité et, je dirais, d’humilité, ce qui n’a pas toujours été le cas du pouvoir jusqu’à maintenant", ajoute-t-il.

Un esprit de cohabitation

Après avoir réussi à faire émerger des alliances avec l'Assemblée, puis avec les territoires, le prochain ou la prochaine Premier ministre doit aussi être en capacité de gouvernement avec Emmanuel Macron. La tradition républicaine voulant que le Premier ministre soit issu de la force politique arrivée en tête aux législatives, Emmanuel Macron ne pourra pas donc pas gouverner avec une personnalité politique issue de ses rangs. Ce qui amène "une odeur de cohabitation", estime un proche du chef de l'État auprès de Franceinfo. Il s'agira d'une première pour lui.

Ne pas être l'homme du Président

Afin d'accéder à Matignon, l'aspirant au poste de premier ministre doit convaincre Emmanuel Macron. Cependant, il doit d'office s'en démarquer par la même occasion. Dans une tribune publiée dans Le Monde, Daniel Cohn-Bendit et le politiste Zaki Laïdi estiment que le choix du premier ministre "devrait se porter sur une personnalité rompue aux usages de la politique, mais suffisamment respectée pour transcender les clivages. Ce ne serait ni l’homme du chef de l’État, ni un premier ministre de cohabitation, ni un premier ministre technique, mais tout simplement le premier ministre de la situation".

Castets, Cazeneuve, Bertrand ?

Si Emmanuel Macron tarde à nommer son Premier ministre, la liste des prétendants, elle, s'allonge. La gauche a décidé de présenter la candidature de Lucie Castets. Mais le président a estimé que le Nouveau Front populaire n'avait "pas de majorité" à l'Assemblée, rejetant de facto la proposition de Lucie Castets pour Matignon. 


"Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu'elle soit (...) La question n'est pas un nom. La question, c'est quelle majorité peut se dégager à l'Assemblée pour qu'un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays", a déclaré Emmanuel Macron.

Autre proposition émanant à gauche : Bernard Cazeneuve. L'ancien Premier ministre socialiste a démenti auprès de l'AFP avoir échangé récemment avec Emmanuel Macron. 

À droite, Xavier Bertrand fait campagne pour Matignon. Le président Les Républicains de la région Hauts-de-France s'est dit "prêt à relever le défi" et a reçu les compliments de plusieurs membres du gouvernement, comme Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Sabrina Agresti-Roubache. Pour l'instant, ces noms pourraient s'apparenter à des ballons d'essai permettant tant aux candidats, qu'à Emmanuel Macron de jauger la réaction de la classe politique.

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14/06/2025 à 17:26 - 22m59s