Les rapports tumultueux entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique
ÉDITO - Lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation lundi 11 janvier, la tension était palpable entre le pouvoir judiciaire et pouvoir politique.

Les rapports entre les magistrats et le pouvoir politique sont toujours très tumultueux.
Lundi 11 janvier, lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, Chantal Arens, la première présidente de la Cour de cassation a fait un discours, ainsi que François Molins, le Premier ministre et le garde des Sceaux. Tout le monde a scruté les moindres messages ou les moindres sous-entendus de ces discours. Pourquoi y a t-il une telle tension ?
Juste avant le week-end, François Molins a annoncé l’ouverture prochaine d’une information judiciaire visant le garde des Sceaux. Éric Dupond-Moretti est accusé par deux syndicats de magistrats de conflits d’intérêts entre ses fonctions actuelles de ministre et ses précédentes activités d’avocat. C'est une situation qu’avait dénoncé François Molins avec Chantal Arens fin septembre dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, une tribune pour le moins inhabituelle de la part des deux plus hauts magistrats de France.
François Molins défend l'indépendance totale de la justice
Puis des procédures visent des ministres en exercice dans la gestion de la crise sanitaire. Récemment, les juges ont demandé par courrier aux présidents des deux assemblées, Gérard Larcher et Richard Ferrand, la teneur de leurs conversations avec Emmanuel Macron sur la gestion de la crise sanitaire. Tous les deux ont refusé.
Alors qu’en ont dit les deux plus hauts magistrats de France, lundi, dans leur discours ? François Molins a défendu l’indépendance totale de la justice. Il a justifié ces procédures en pleine crise et défendu l’institution menacée par les critiques.
Une phrase de François Molins a fait bondir un membre de la majorité : "La Cour de Justice de la République et le tribunal de Paris n’auront bien sûr aucune leçon politique à donner". Un conseiller ministériel estime que "qui s'excuse d'avance, s'accuse". Puis un ministre a dit : "on peut dire que nous sommes nuls, archi-nuls, mais ce n’est pas à la justice de nous sanctionner, c’est aux électeurs de le faire". Un haut responsable de l’État parle d’un véritable malaise avec l’institution judiciaire et s’agace "ils veulent la peau de Dupond-Moretti, ils ne l’auront pas".
Et un dirigeant de la majorité raconte que François Molins avait été approché et testé pour devenir garde des Sceaux au moment du remaniement mais il n’a pas été retenu. C’est aussi la revanche d’un homme éconduit.
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