Larcher demande à Mélenchon de "fermer sa gueule" : le langage de nos politiques s'est-il dégradé ?

"Ferme ta gueule", ce sont les mots prononcés par Gérard Larcher en réaction au message de Jean-Luc Mélenchon à propos de la journaliste Ruth Elkrief, le 6 décembre dernier au micro d'Amandine Bégot sur RTL. Une déclaration bien loin du ton et des mots habituellement utilisés par le président Les Républicains du Sénat, deuxième personnage de l'État. Est-ce que ce type de langage représente une nouvelle façon de faire de la politique à l'heure des petites phrases et de l'influence des réseaux sociaux ?

Selon Damien Deias, chercheur en sciences du langage au Centre de recherche sur les médiations de l'université de Lorraine, l'injure de Gérard Larcher s'inscrit dans une volonté de franchise, tout en marquant les esprits : "C'est une manière de crédibiliser la parole ou de parler vrai en parlant un petit peu comme on parle dans le privé. On parle en linguistique d'un phénomène de panaphorisation, c'est-à-dire que provisoirement, tous les médias en parlent et ce n'est pas si fréquent pour Gérard Larcher, donc il réussit à occuper provisoirement l'espace médiatique."

Un langage fleuri qui n'est pas une nouveauté dans la vie politique

Selon le chercheur en sciences du langage, ce n'est pas le registre linguistique qui s'est dégradé, au fil des années. En effet, Damien Deias évoque plutôt une adaptation du discours politique à son électorat : "Les hommes politiques adaptent surtout leurs discours à des destinataires et ils cherchent à être entendus, à être compris par tous et à incarner l'action. À partir de là, je ne dirais pas forcément que les discours sont devenus plus vulgaires ou moins soutenus", explique-t-il.

La vulgarité dans le langage politique n'est donc pas une nouveauté, mais sa médiatisation la rend plus présente dans l'actualité. "À l'Assemblée nationale, quand les discours n'étaient pas filmés, les députés parlaient dans un langage plus soutenu, parce qu'on s'adressait seulement à un entre-soi parlementaire. Quand les discours ont été filmés, la forme du discours a changé", souligne Damien Deias. 

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Les réseaux sociaux ont-ils impacté le langage politique ? Pas vraiment selon les mots du chercheur en sciences du langage. "Il ne faut pas considérer les réseaux sociaux comme une entité autonome qui serait à eux seuls responsables de nos maux. C'est un endroit où des acteurs produisent du discours, relaient des propos (...) ce sont aussi des lieux apaisés, par exemple sur Twitch, où l'on peut parler longuement et posément de politique", conclut-il.

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12/12/2023 à 17:34 - 17m37s