Jusqu'où peut-on aller dans l'insulte en politique ? Invité sur RTL le 6 décembre, Gérard Larcher a réagi aux propos de Jean-Luc Mélenchon contre la journaliste Ruth Elkrief. Le président Les Républicains du Sénat a lancé "Ferme ta gueule", au leader insoumis.
Est-ce surprenant de sa part ? Au début, j'ai ri et puis je n’ai plus ri du tout, comme disait Jacques Chirac. Oui, c’est surprenant, on ne s’y attendait pas et sur le moment, on se dit "bien envoyé" parce que ces mots-là, on les a tous pensés. C’est tentant de déverser les pires grossièretés sur Jean-Luc Mélenchon.
Mais "ferme ta gueule", dans la bouche du président du Sénat, ça fait drôle. Le président du Sénat est le garant de la qualité des débats, le garant du respect des oppositions. Il est le 2e personnage de l’État, s’il arrivait quelque chose à Emmanuel Macron, c’est lui qui le remplacerait à l’Élysée.
Alors, je sais bien qu’il était très remonté. Gérard Larcher qui connait bien Jean-Luc Mélenchon, considère que les propos contre Ruth Elkrief sont dangereux pour la cohésion de la nation. Il n’empêche... Cette manière de répondre finit par dégrader l’image de nos politiques. Ça me rappelle Nicolas Sarkozy lorsqu’il avait dit : "Casse-toi pauv’ con". Ça ne doit pas être le registre du débat politique.
Souvenez-vous de la députée Insoumise Danièle Obono qui avait lancé : "Mangez vos morts" contre ceux qui ne pensaient pas comme elle. C’était choquant. Enfin, je remarque que ceux qui avaient été choqués à l’époque, ont applaudi cette fois Gérard Larcher. Non, mais qu’ils parlent vulgairement en privé, on le sait.
La résonance est plus forte à cause de la spirale infernale des réseaux sociaux
Alba Ventura
Mais on assiste à un grand relâchement. La surenchère des uns provoque la surenchère des autres. Je reviens sur Jacques Chirac. Souvenez-vous, il pouvait jurer comme un charretier, mais pas en public. Je l’avais entendu une fois à l’antenne parler de "délit de sale gueule" mais son maximum, lorsque les micros étaient ouverts, c’était de dire : "Ce n’est pas convenable". Il y avait une retenue en public.
A-t-on franchi une barrière ? Oui, encore une parce que l’insulte, la vulgarité, cela a toujours existé en politique. Mais la résonance est plus forte à cause de la spirale infernale des réseaux sociaux parce qu’il y a des personnalités politiques qui n’existent plus que par la provocation, typiquement Jean-Luc Mélenchon, puisque c’est sur lui que Gérard Larcher a lâché ses nerfs, dont la stratégie consiste à électriser le débat. C’est son mode d’existence.
Ce n’est pas une raison pour lui répondre sur le même ton et pas une raison non plus de penser que pour se faire entendre ou comprendre des citoyens, il faut être grossier. Même si beaucoup ont dû se dire : enfin, il y a un politique qui dit ce que je pense publiquement (cela s’appelle le "sur moi" en psychanalyse), on ne dit pas tout ce qui nous passe par la tête.
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