Selon les informations de François Lenglet, Emmanuel Macron s’apprête à lancer la construction de plusieurs EPR. Ce sera dans les toutes prochaines semaines, dans la foulée du rapport sur la transition énergétique dont nous parlions ici même il y a deux jours. Mais la surprise, c’est que cette commande ne serait pas passée à EDF toute seule.
On demanderait à Électricité de France de s’allier avec d’autres groupes, en formant une sorte de consortium. Par exemple en créant une société Adhoc à laquelle serait associés des spécialistes de la construction, type Orano (ex-Areva), pourquoi pas des sociétés innovantes type start-up. EDF serait en quelque sorte dépossédé de son monopole, en étant contraint de traiter à égalité avec des partenaires, privés, et non plus des sous-traitants, comme avant.
EDF est pourtant l’acteur principal de la filière nucléaire française, surtout depuis que l’entreprise publique a repris un morceau important d’Areva, en faillite catastrophique, pour la construction même des centrales. Et elle a été évidemment le maître d’œuvre de nos 56 centrales existantes. Mais l’irritation monte contre EDF au sein de l’Exécutif.
D’abord, l’incroyable retard de l’EPR de Flamanville, la première et seule nouvelle centrale française en construction : 10 ans de retard et des surcoûts considérables. EDF se défend en expliquant que les normes de sécurité ont été sans cesse durcies, au point de frôler les limites du réalisable.
Ça n’est pas faux, mais ce qu’on reproche à l’électricien, c’est son entêtement à affirmer qu’il n’y a pas de problème alors que les échéances ne sont jamais tenues. Il y a eu indiscutablement des pertes de compétences dans notre filière nucléaire, parce qu’on n’a pas construit de centrales depuis un quart de siècle.
Signalons aussi la culture des ingénieurs de haut niveau français, qui règnent à EDF et entretiennent le secret. "EDF est un trou noir", dit-on au gouvernement. Cette fois-ci, pas question de passer commande pour des milliards et d’attendre sagement à la porte. "Impossible de relancer le programme sans tirer la leçon des échecs répétés de Flamanville", précise même un membre éminent du gouvernement.
L’Exécutif veut ainsi mettre la pression sur l’électricien. Et il se produit exactement la même chose pour les SMR, les petits réacteurs, qui feront l’objet d’un appel à projets, avec une sorte de jury qui sélectionnera le meilleur. Pas question de privilégier EDF. On veut au contraire solliciter l’écosystème des start-ups qui ont investi le secteur, au besoin avec des alliances européennes.
Quoi qu'il en soit, la France s’apprête donc à relancer massivement le nucléaire, et cela malgré Bruxelles, qui a intégré l’atome à la liste des énergies dites "sales", dans ce que la Commission appelle la "taxonomie" : un classement des modes de production d’énergie en fonction de leur impact sur le climat.
Ce classement est idiot, puisque le nucléaire n’émet pas de carbone. Mais ce classement n’a rien d’anodin, car il pourrait compliquer le financement du nucléaire en dissuadant les banques et les investisseurs d’y contribuer s’ils veulent satisfaire aux normes européennes. Paris ne décolère pas sur cette affaire et s’apprête à tenter de torpiller la "taxonomie" si Bruxelles ne revient pas en arrière.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte