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"Le ski, c'est du pétrole" : l'alerte de Jean-Marc Jancovici sur les stations de sports d'hiver

Alors que les stations de ski rouvrent progressivement, ces dernières entrainent une consommation de pétrole aussi bien pour fabriquer des équipements que pour s'y rendre.

Une piste de ski (image d'illustration).

Crédit : Hassan AYADI / AFP

Ouverture des domaines skiables : "le ski, c'est du pétrole", selon Jean-Marc Jancovici

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Jean-Marc Jancovici - édité par Marine Langlois

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C'est reparti pour un hiver, les stations de ski rouvrent un peu partout dans les Alpes et progressivement dans nos Pyrénées. Stations du ski qui sont aujourd'hui, il faut bien le dire concrètement, du pétrole. Car ces stations, on les a vues fortement se développer au moment des Trente Glorieuses, dans les années 50-60, c'est-à-dire au moment où la quantité de pétrole utilisé dans le monde a très très fortement augmenté de 8 à 10% par an. 

Alors, pourquoi est-ce qu'on peut considérer qu'elles sont du pétrole ? Simplement parce qu'il en faut pour y aller. Aujourd'hui il est inenvisageable, vu les volumes de skieurs, de mettre tout le monde dans des trains pour aller dans toutes les stations de ski des Alpes et des Pyrénées. Donc, sans la voiture, ça ne marche pas

Il faut du pétrole pour approvisionner ces stations, parce qu'il faut que les gens mangent, que les vêtements soient livrés, etc. Il faut du pétrole pour que nous ayons du temps libre, enfin, les heureux chanceux qui peuvent le faire aller skier, parce qu'il n'y a que 4% de la population une année donnée qui va au ski, il faut le rappeler. Il faut qu'on ait du temps libre et le temps libre est arrivé avec les machines travaillant à notre place, et ça aussi ce sont les énergies fossiles, plus largement que le pétrole. 

Il faut encore du pétrole pour fabriquer le matériel de ski, car aujourd'hui, le ski, les vêtements de ski, tout ça, c'est du plastique et des fibres synthétiques, c'est-à-dire de la pétrochimie. Donc oui, on peut dire que le ski, c'est du pétrole.

200 domaines skiables ont fermé depuis la guerre

Alors le pétrole engendre du réchauffement climatique. Et les stations de ski aiment bien la neige car pour le moment, on n'a pas trouvé grand chose de mieux pour skier sur la neige que de la neige. Et cette dernière va tomber moins souvent sur les Alpes et sur les Pyrénées dans le cadre du réchauffement climatique. 

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Alors pour le moment, cela n'a pas encore menacé les grands domaines skiables, ceux qui sont situés à haute altitude. Mais par contre, il y a un certain nombre de petits domaines de basse altitude qui commencent à souffrir de plus en plus. 

Depuis la guerre, il y a quasiment 200 domaines skiables qui ont fermé en France. La plupart étaient des domaines skiables à une ou deux remontées qui n'ont pas fermé pour des raisons d'enneigement mais pour des raisons économiques, parce que ça n'intéressait plus personne d'aller skier dans des endroits où il n'y a qu'une ou deux remontées. Maintenant que tout le monde a une voiture et peut aller skier dans des endroits où il y en a plus que ça. 

Mais à l'avenir, c'est une vraie crainte car va voir la limite pluie-neige progressivement remonter. Il y a des parties basses des domaines skiables qui ne pourront même plus avoir de la neige artificielle parce qu'il ne fera pas assez froid la nuit pour qu'on puisse en produire. Oui, il va y avoir un sujet. 

Et du reste, ce sujet est au cœur du débat sur les JO 2030 dans les Alpes. Faut-il ou pas doter les Alpes d'une infrastructure et d'une image de sport d'hiver alors que ce n'est peut-être pas l'avenir si on se projette à quelques dizaines d'années ?

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