"François Bayrou a ressuscité des zombies" : derrière les tensions Macron-Retailleau, la "méthode Bayrou" ciblée

"Je ne sais pas vivre sans liberté de parole". Voici ce que déclarait François Bayrou, en 2017 sur RTL, lorsqu'il était le ministre de la Justice d'Edouard Philippe. Huit ans plus tard et cette fois-ci à la tête du gouvernement, François Bayrou a continué d'appliquer la même philosophie à l'égard des membres de son gouvernement. En faisant même l'une des composantes de la "méthode Bayrou".

Au sein de l'exécutif, le message a été reçu cinq sur cinq par Bruno Retailleau qui applique donc cette règle. Le ministre de l'Intérieur défend sa place au sein du gouvernement, tout en critiquant Emmanuel Macron et le macronisme. Dernier élément en date : l'entretien accordé à Valeurs Actuelles où le locataire de la place Beauvau a lié la fin du macronisme, à la fin du mandat du président de la République. Tout en remettant en cause le "et en même temps", l'idéologie première du chef de l'État, en question.

Tensions en Conseil des ministres avec Emmanuel Macron, report de réunion à l'Élysée, recadrage de Renaissance... Les prises de parole de Bruno Retailleau, à contre-courant de la doctrine présidentielle, ont poussé François Bayrou à intervenir pour recadrer ses troupes. Derrière les critiques faites à Bruno Retailleau, la macronie commence à émettre des reproches à l'encontre de la méthode Bayrou.

Quand au chef du gouvernement... Il n’y en a pas

Un proche d'Emmanuel Macron, à propos des ministres issus des Républicains

Lors d'un déplacement à Angers, le chef du gouvernement a donc assuré que les sensibilités politiques différentes étaient "les bienvenues" au sein de son gouvernement, mais qu'elles ne devaient "pas prendre la forme de divergences". "Mon travail à moi, c'est de coordonner, fédérer, rassembler, rapprocher et entraîner", a ajouté François Bayrou rajoutant que "la cohésion de l'équipe gouvernementale est évidemment une mission essentielle".

Un proche d'Emmanuel Macron juge ainsi que le Premier ministre "a ressuscité des zombies !", en évoquant Les Républicains "Avant d’entrer au gouvernement, ils n’étaient rien d’autre : des zombies, cingle-t-il auprès de RTL. Retailleau parle, parce qu’on le laisse parler ! La faiblesse de Gabriel Attal, de Renaissance et du Président donnent l’impression que Les Républicains sont 100, alors qu’ils sont moitié moins. Quant au chef du gouvernement... Il n’y en a pas".

Interrogé sur les propos de Bruno Retailleau dans Valeurs Actuelles, un député Ensemble pour la République préfère rejeter une partie de la faute sur François Bayrou qui "a choisi d'avoir des personnalités fortes au gouvernement".

"Polyphonie" ou couacs ?

Ce gouvernement composé de personnalités politiques est, à en croire sa porte-parole Sophie Primas, un "gouvernement d'assemblage". "Il est logique que ce gouvernement soit un gouvernement d'assemblage entre des personnes d'expérience, avec des convictions", défendait-elle en mars en évoquant une "polyphonie" plutôt que des couacs.

Des propos qui ne contribuent pas à apaiser les tensions avec Renaissance. Au micro de RTL le 24 juillet, la députée EPR Prisca Thevenot, expliquait : "Pour avoir été justement porte-parole du gouvernement, il y a une erreur principale dans ces prises de parole-là concernant les enjeux partisans. Quand on est porte-parole, le 'je' n'existe pas. On parle pour un gouvernement, on parle au nom d'une équipe et on ne parle pas au nom d'individualités qui sont de la même famille politique que soi-même", a-t-elle fustigé.

Les tensions entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau marquent ainsi le point culminant des critiques du Président envers son Premier ministre. Début juillet, le chef de l'État déclarait que "chaque ministre doit s'occuper des affaires pour lesquelles il est nommé", demandant à l'exécutif de "discipliner la parole". Emmanuel Macron en avait profité pour réintroduire un principe bien connu des ministres de la Vème République : le Premier ministre "doit diriger son gouvernement" et les ministres "doivent s'occuper des politiques qu'ils conduisent". Sous-entendu : le président de la République préside. 

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