Les députés ont voté largement jeudi 29 novembre, au terme de plusieurs heures de débat, une proposition de loi à la portée largement symbolique visant à interdire les "violences éducatives ordinaires". La France devient ainsi le 55e pays à interdire fessées, gifles et autres corrections. Mais y avait-il urgence à légiférer ?
C'est vrai que c’est un texte qui parait "léger" au regard du contexte actuel. Mais bon, le débat existe. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’Assemblée se prononce. Le Parlement avait déjà voté l’interdiction de la fessée, mais, pour des questions de forme, le Conseil Constitutionnel l’avait retoqué.
Et c’est donc une proposition de loi du Modem qui l’a remise à l’ordre du jour. C’est amusant, parce que lors des débats en commission, les pro-fessée (si je puis dire) n’ont pas manqué de faire remarquer au Modem que c’est précisément leur candidat François Bayrou, qui, en 2002 lors de la campagne présidentielle, s’était illustré en giflant un gamin qui lui faisait les poches. Vous vous en souvenez ?
À l’époque François Bayrou avait passé 24 heures à se demander s’il avait bien fait ou pas. Et puis au bout de deux jours il avait constaté que la gifle lui avait rapporté 2 points dans les sondages. Et d’ailleurs, la députée du Modem qui a porté le texte s’est défendue en disant "nous au Modem, on a expérimenté, la baffe. Le gamin en question est devenu un délinquant, ça prouve bien que ça ne marche pas !".
On n'éduque pas par la peur
Agnès Buzyn
Cela veut-il dire que le débat sur la fessée ou la correction est un débat sur l'autorité ?
C’est une partie du débat. C’est ce que la ministre de la Santé Agnès Buzyn entend lorsqu'elle dit : "On n’éduque pas par la peur". Est-ce que c’est un acte d’autorité, de sévérité ? Ou est-ce que c’est un acte d’impuissance, de nervosité, le geste qui vous échappe…
Je sais bien que les partisans de l’interdiction, n’aiment pas que l’on fasse le distingo, mais il y a "fessée" et "fessée". Ça va de la tape sur la couche, à l’enfant qu’on déculotte devant tout le monde, jusqu'à l’enfant qu’on pense corriger et que l’on bat en réalité. Je n’ai pas le sentiment que tout soit du même ordre.
Pour l’avoir expérimenté, je vous confirme que cela ne sert à rien !
Alba Ventura
La fessée n’est pas forcément le premier degré de la maltraitance. On a été nombreux à se prendre des raclées, cela n’a pas dégénéré pour autant. Maintenant pour l’avoir expérimentée, je vous confirme que cela ne sert à rien ! Au mieux, ça n’a aucun effet, au pire c’est contre-productif. Et une bonne discussion ou même une punition valent mieux qu’une fessée.
Il y a un autre débat, plus politique celui-là : est ce que c’est vraiment au législateur de s’immiscer dans la vie de famille ? Ou est-ce que l’éducation des enfants doit être laissée aux parents ? Il y a un vrai retour du clivage droite / droite extrême et gauche / centre gauche sur le sujet. À droite, on pense que ce n’est pas à l'État de venir mettre de l’ordre dans le foyer, que c’est de l’ingérence. Et à gauche et au centre on estime que tout coup porté, de la fessée au martinet, est une violence.
Mais qu'est-ce que l'on risque en cas de petite rouste donnée à son rejeton ? Rien !
Il n’y a pas de sanction prévue dans cette loi. L'arsenal pénal est déjà bien pourvu. En fait, c’est ce que l’on appelle une loi "pédagogique". L'idée c’est surtout de sensibiliser. Cela fera l’objet d’une lecture du Code civil au moment des mariages, mais pas de sanction. Les partisans de la loi espèrent, eux, mettre au coin ce vieux proverbe selon lequel : "Qui aime bien châtie bien".
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