C'était il y a un mois. L'affaire Hulot éclatait par médias interposés. Pour rappel, des femmes accusent l'ancien ministre de viols et d'agressions sexuelles. Des témoignages précis, à visages découverts, dans une enquête longue de 4 ans menée par une journaliste d'Envoyé Spécial.
Depuis, Nicolas Hulot, lui, clame son innocence et dément les accusations portées contre lui, notamment lors d'un direct sur le plateau de BFMTV. Il se pose en victime d'un tribunal médiatique et annonce quitter définitivement la vie publique.
Depuis la révélation cette affaire, RTL a enquêté et sondé des femmes politiques qui ont côtoyé Nicolas Hulot. Elles parlent, elles aussi, d'un comportement problématique et n'ont pas daigné défendre l'ancien ministre de la Transition écologique. Souvent, les femmes sollicitées ont préféré ne pas répondre ou alors elles ont répondu pour beaucoup la même chose : "on savait", explique notamment Ninon Guinel, cheffe de cabinet du maire de Lyon Grégory Doucet. Elle se souvient de la réputation de Nicolas Hulot, alors qu'elle était toute jeune collaboratrice parlementaire.
"Nicolas Hulot, il se disait dans les couloirs du Sénat exactement comme pour Denis Baupin à l'époque : -ne te retrouve pas toute seule dans l'ascenseur avec lui-. C'était su, mais personne ne faisait rien".
Elle prend pour exemple Pauline Lavaud, cette jeune militante écologiste écartée de la campagne de Nicolas Hulot en 2011, alors candidat à la primaire du parti. "Quand il a quelqu'un de sa campagne qui dit à Pauline -on ne te prend pas dans l'équipe de campagne, parce que tu l'excites trop-, ça veut bien dire qu'on le savait. Donc si chez les Verts, on le savait à l'époque de la primaire avec Eva Joly, il n'y a aucune raison qu'Emmanuel Macron ne le sache pas quand il le prend comme Ministre de l'Écologie. Il le savait", affirme Ninon Guinel. L'homme accusé d'avoir écarté Pauline Lavaud au prétexte qu'elle excitait trop Nicolas Hulot, c'est Pascal Durand, un des fondateurs d'Europe Écologie les Verts. Il est aujourd'hui député européen.
Nous n'avons pu échanger que par sms avec lui. Il ne dément pas, mais ne confirme pas non plus. Il ne dit rien sur le fond et suggère de s'adresser à d'autres membres de l'équipe de campagne de Nicolas Hulot à l'époque.
Jean-Paul Besset, un des proches de l'ex-présentateur d'Ushuaïa se défend. "On n'a jamais été le témoin d'un comportement prédateur de Nicolas Hulot", assure-t-il. Il concède un comportement de "séducteur lourd", mais il nuance en expliquant qu'il fait "la frontière entre ce qui relève d'un comportement culturel des hommes, le machisme ordinaire et la violence ou l'agression".
Une ligne de défense qui agace Pauline Lavaud. "J'aimerais qu'il m'explique la définition de la drague lourde. On ne peut pas se cacher derrière ça. Il devait savoir que Nicolas Hulot emmerdait les femmes, ce n'est pas anodin", explique-t-elle.
Dès 2016 au moment de l'affaire Denis Baupin, plusieurs femmes ont alerté sur le comportement de Nicolas Hulot. Pour rappel, plusieurs femmes accusent Denis Baupin, figure des Verts, d'agressions sexuelles et de harcèlements. Au cours de l'enquête, le nom de Nicolas Hulot apparait en filigrane, comme l'explique Sandrine Rousseau.
"Dans le dossier Denis Baupin, que j'ai dénoncé, dans l'enquête préliminaire, il y avait un témoignage qui parlait d'actes déplacés d'un homme célèbre dans la Fondation Hulot. Donc, nous avions supposé que c'était Nicolas Hulot", explique la numéro 2 d'EELV.
Déjà à cette époque, chez les écologistes, on tente d'alerter se souvient Annie Lahmer, une autre plaignante du dossier Denis Baupin. " Il y a toujours des personnes qui n'ont pas envie de croire ou qui n'ont pas envie de dire qu'elles croient. Parce que c'est se remettre en cause. Je n'ai pas cru celles et ceux qui m'ont dit 'attention, on ne veut pas de Hulot dans nos réunions publiques, on ne veut pas de lui en en interne du parti, on ne veut pas qu'il soit à la tribune', ce n'est pas évident de se remettre en question", explique la conseillère Ile-de-France chez les Verts.
Elle fait partie aussi des 300 signataires de la tribune MeTooPolitique qui appelle à écarter les violences sexistes et sexuelles de la vie politique en général, car le problème de fond, ce n'est pas Nicolas Hulot, mais le sentiment d'impunité de certains hommes de pouvoir et la loi du silence qui règne encore.
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