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Emmanuel Macron, le 7 novembre 2018
Crédit : PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
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Une "itinérance mémorielle". Pour les commémorations du 11 novembre, Emmanuel Macron a entamé un long déplacement dans le nord et l'est de la France. Le président de la République se rend sur les lieux symboliques la Grande Guerre.
Durant six jours loin de l'Élysée, Emmanuel Macron a cherché à casser les codes des déplacements officiels afin de "briser la vitre qui sépare traditionnellement le président du pays", a souligné vendredi son entourage. Quitte à recevoir, en pleine face, la colère populaire, ce qui a été le cas lors de ses rencontres avec les habitants dans les rues de Verdun, sur la place de Charleville-Mézières ou vendredi dans un bar PMU de Bully-les-Mines (Pas-de-Calais).
"Nous savions parfaitement que ça se passerait comme ça", en décidant "d'aller dans des territoires qui n'ont pas voté pour le président mais sont plutôt dans son rejet", précise-t-on à l'Élysée. "Sinon, nous serions allés dans le centre de Bordeaux". Il s'agissait pour Emmanuel Macron de casser l'image de "président des riches" et "des villes" que lui collent ses opposants et qui expliquent en partie sa chute dans les sondages ces derniers mois.
Emmanuel Macron et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, à Strasbourg, le 4 novembre 2018
Crédit : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
C'est dans la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg qu'a été donné le coup d'envoi de "l'itinérance mémorielle" qui mènera le président dans 11 départements en une semaine, sur les champs de bataille de la Grande Guerre et à la rencontre d'une France périphérique frappée par la crise.
Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a assisté avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier à un concert d’œuvres de Debussy et Beethoven afin de "célébrer la réconciliation franco-allemande" un siècle après la fin de la guerre 1914-18.
L'absence, décriée par certains, de parade militaire est parfaitement assumée par l'Élysée qui a préféré mettre l'accent sur la paix et la réconciliation franco-allemande. "L'héritage de 14-18, c'est à la fois la victoire, c'est de ne pas avoir cédé et c'est aussi celui de la paix. Ce qu'on n'a pas réussi à faire totalement après 14-18, c'est qu'on n'a pas réussi à bâtir la paix", estime-t-il dans l'entretien aux quotidiens régionaux.
Emmanuel Macron devant le monument de la bataille de Morhange
Crédit : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Au lendemain de son passage à Strasbourg, Emmanuel Macron a rendu hommage aux Poilus avant d'apporter son soutien au redressement de cette région frappée par la désindustrialisation. Le président de la République s'est rendu devant le monument de la bataille de Morhange (Moselle), son premier rendez-vous avec les lieux emblématiques de la Première Guerre Mondiale.
Il est ainsi le premier président de la République à se rendre dans cette petite ville au milieu des champs et des bois où l'armée française a subi l'une de ses premières défaites de la guerre, en août 1914, "une tragédie" selon le chef de l'État. Au cours d'une cérémonie militaire, il a rendu hommage aux quelque 40.000 Poilus qui y ont trouvé la mort, dont 27.000 dans la seule journée du 22 août, en tentant de prendre d'assaut une ligne de crête bien défendue par les Allemands.
Comme cela sera le cas durant toute cette semaine, Emmanuel Macron a consacré son après-midi aux problèmes actuels d'une région qui n'a "pas vécu que les guerres" mais aussi "la désindustrialisation et les coups de boutoir de la mondialisation", comme il l'a expliqué à Ouest-France.
Emmanuel Macron aux Eparges, le 6 novembre 2018
Crédit : Francois Mori / POOL / AFP
La troisième étape de l'"itinérance mémorielle" s'annonce particulièrement chargée. Après avoir passé la nuit dans un château où le compositeur Maurice Ravel fut ambulancier durant la guerre, le chef de l'État doit se rendre aux Eparges (Meuse), théâtre de combats dantesques en 1915. Ce sera surtout l'occasion pour Emmanuel Macron de saluer la mémoire de Maurice Genevoix, l'un de ses écrivains préférés, qui y a été blessé et en a fait le récit saisissant dans son recueil "Ceux de 14". "C'est un choix du cœur", a expliqué le président.
Après Les Eparges, Emmanuel Macron est attendu à Verdun, à quelques kilomètres, pour honorer les héros de la plus longue et la plus célèbre des batailles de la guerre. Il doit y visiter avec 20 lycéens l'émouvant ossuaire où reposent les restes de 130.000 soldats français et allemands. Au total, 300.000 combattants ont été tués entre février et décembre 1916, dans l'enfer de Verdun, fait de boue, de froid et de bombardements, comme dans la tranchée légendaire des Baïonnettes. Cette journée se terminera à Reims avec un hommage aux héros de "l'Armée noire", ces troupes coloniales composées principalement de tirailleurs sénégalais. 200.000 sont montés au front, 30.000 sont morts.
Emmanuel Macron, le 7 novembre 2018
Crédit : PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
Le périple d'Emmanuel Macron sur les traces de la Grande Guerre a été perturbé par une nouvelle controverse autour du chef de l'État sur l'opportunité de rendre hommage à Pétain à l'occasion du centenaire de la fin de la Première mondiale. L'exécutif tentait de tuer dans l’œuf cette polémique qualifiée de "mauvaise" et "vaine" par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Les critiques sont virulentes de la part de Jean-Luc Mélenchon mais aussi des instances juives. Juste avant le Conseil des ministres délocalisé à Charleville-Mézières, Emmanuel Macron avait jugé "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain samedi, arguant que le chef du régime de Vichy avait été "pendant la Première guerre mondiale un grand soldat" avant de conduire "des choix funestes" pendant la Deuxième en collaborant avec le régime nazi.
Sur sa page Facebook, Benjamin Griveaux a toutefois indiqué qu'"aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi. Il n'en a jamais été question. Nous avions annoncé que nous honorerions les maréchaux de la Grande Guerre. Certains en ont déduit que Pétain en faisait partie ; ce n'est pas le cas. S'il y a eu confusion, c'est que nous n'avions pas été suffisamment clairs sur ce point", a écrit le porte-parole du gouvernement.
Emmanuel Macron, en visite dans l'usine Renault de Maubeuge, le 8 novembre 2018
Crédit : Ludovic MARIN / AFP
Emmanuel Macron a poursuivi, dans le Nord et le Pas-de-Calais, son périple sur les traces de la Grande Guerre, émaillé de contacts avec la population virant parfois à l'invective, mais dont il s'est dit "très heureux".
Au cinquième jour de son "itinérance mémorielle", le chef de l'État a dû également à nouveau s'expliquer sur la controverse suscitée par ses propos de la veille sur le maréchal Pétain, assurant qu'il n'avait "jamais été question d'une célébration individuelle" du héros de 14-18 devenu le chef du régime collaborationniste de Vichy. "Il faut reconnaître la vérité de l'histoire mais rester dans notre devoir de mémoire et rester aux conséquences de l'indignité qui a été reconnue" à Pétain en 1945, a-t-il expliqué en marge de la visite d'une usine Renault à Maubeuge, dénonçant la "boîte à folie" des "polémiques inutiles".
La visite à l'usine Renault, qui emploie 2.200 personnes, n'a pas dérogé à cette règle. Il a été accueilli par le PDG de Renault Carlos Ghosn qui lui a présenté les investissements du groupe, dont celui d'un milliard d'euros dans les véhicules électriques sur cinq ans, annoncé en juin. En outre, Carlos Ghosn a annoncé pour le seul site de Renault Maubeuge, très gros employeur de la région, 450 millions d'euros d'investissement ainsi que 200 embauches en CDI en 2019.
Emmanuel Macron, à Lens, le 9 novembre 2018
Crédit : Etienne LAURENT / POOL / AFP
Le président de la République a annoncé vendredi une "baisse drastique" du coût du permis de conduire, le code étant "intégré à la partie scolaire", lors de sa tournée commémorative de la Grande Guerre marquée par de nombreuses interpellations sur le prix du carburant et le pouvoir d'achat.
Après le chèque énergie, que le chef de l'État entend "améliorer", et la défiscalisation des aides aux transports comme celle inventée dans les Hauts-de-France, Emmanuel Macron a ajouté le permis du conduire aux mesures esquissées cette semaine, dans un contexte de grogne croissante des contribuables, notamment des automobilistes. "Dans le cadre de la loi mobilité, on va drastiquement baisser le coût du permis", a déclaré le chef de l'État, qui poursuit dans le Pas-de-Calais son "itinérance mémorielle" du centenaire de la Grande Guerre.
"Le code, on va l'intégrer à la partie scolaire", a ajouté Emmanuel Macron, qui veut également "aider à l'acquisition du premier véhicule". Cette annonce sur le coût du permis --1.600 euros en moyenne selon un rapport de 2014-- a semblé prendre de court les ministères concernés (Intérieur, Transports, Éducation).
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