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"Trois prêtres se sont proposés de faire la messe de minuit sous un pont" : sur l'A64, des agriculteurs prêts à passer Noël sur un point de blocage

Alors que certains agriculteurs s'apprêtent à lever leur barrage sur les grands axes français ce 20 décembre, d'autres sont prêts à passer Noël sur les points de blocage pour obtenir gain de cause auprès du gouvernement.

L'agriculteur Jérôme Bayle sur un point de blocage de l'A64, le 19 décembre 2025

Crédit : Patrick Tejero

L'essentiel de l'info à 10h du 20 décembre 2025

00:12:32

Clara Echarri & Laurène Rocheteau & AFP

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Une trêve de Noël des blocages agricoles ? Rien n'est moins sûr. Si le gouvernement a déclaré, via sa porte-parole sur RTL, qu'il ne "tolérera plus de nouveaux blocages" pendant les fêtes, certains agriculteurs ne comptent pas pour autant abandonner leur poste. 

"Nous on est prêts, on ne lâchera rien, on est là à durée indéterminée," déclare à RTL Thibault, agriculteur à Lavernose, qui assure que la trêve "n'aura pas lieu" sans avancée de la part du gouvernement. 

Les agriculteurs, en colère face à la gestion de la crise de la dermatose nodulaire et des accords du Mercosur, ont pourtant été appelés par la FNSEA à suspendre leur mouvement durant la période des fêtes, afin de permettre aux Français d'emprunter les axes routiers majeurs pour rejoindre leur lieu de vacances, en ce week-end chargé sur les routes. 

La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, a également appelé vendredi à faire preuve de "bienveillance pour les familles qui vont se retrouver", et différents barrages ont ainsi été levés, notamment sur l'A20 et l'A89 en Corrèze, et sur l'A41 entre Chambéry et Lyon.

Les agriculteurs comptent "se mobiliser encore plus fort"

Mais sur le barrage de l'A64 au niveau de Carbonne, au sud-ouest de Toulouse, les manifestants sont prêts à passer Noël sur la route : "Il y a trois prêtres qui se sont proposés de faire la messe de minuit sous un pont. Je pense que ce n'est pas encore une bonne attitude du gouvernement de laisser les paysans passer Noël dehors sous un pont. Le gouvernement part en vacances, mais nous on ne part pas en vacances."

"Je pense que si les gens perdent 15 minutes sur 15 jours de vacances, c'est pas grand chose. Ils vont plus attendre au pied des télésiège qu'ici, à Carbonne."

Thibault, agriculteur à Lavernose

Vendredi, Jérôme Bayle a également pris la parole sur la possible trêve hivernale. L'ancien rugbyman aujourd'hui éleveur bovin est devenu le symbole de la lutte agricole, et affirme qu'"on ne peut laisser personne, et aucun agriculteur, au bord de la route." L'éleveur estime qu'il y a aujourd'hui "trop d'agriculteurs en difficulté dans ces départements," et a déclaré ne pas avoir l'intention de lever le camp sur l'A64.

À écouter

Jérôme Bayle : un agriculteur bien connu et qui ne se laisse pas faire

00:02:38

"Ils sont là pour nous soutenir, ils nous le disent à chaque fois, ils sont là pour nous défendre, ils nous le disent à chaque fois, mais ce que je vois c’est qu’ils veulent nous laisser crever. Et on ne crèvera pas, parce qu’on va se révolter, on va se mobiliser encore plus fort." La Confédération paysanne avait quant à elle prévenu vendredi qu'elle n'appellerait pas à lever les blocages, mais les nouvelles actions prévues ce week-end sont moins nombreuses que durant la semaine.

Les manifestants lèvent le camp vers Bordeaux

Du côté du barrage de Cestas, sur l'A63 au sud de Bordeaux, les manifestants s'apprêtent quant à eux à lever leur blocage, décision prise lors d'une réunion avec le préfet vendredi soir. "Dans le week-end, le camp peut être levé, pour laisser libre accès aux gens de rejoindre leur lieu de vacances pour les fêtes de fin d'année."

Mais la réouverture de la route ne sera pas pour autant immédiate : il faudra encore évacuer le sable, les pneus et les morceaux de bois laissés par le barrage, et remettre en place les glissières de sécurité. S'ils ont choisi de lever le camp, ces agriculteurs n'abandonnent pas pour autant leurs revendications. Ils ont déjà annoncé leur intention de poursuivre leur mobilisation en janvier. 

Dénonçant des promesses "assez faibles" concernant la stratégie contre la dermatose nodulaire dans le courrier du Premier ministre envoyé vendredi soir aux syndicats agricoles, ces derniers donnent rendez-vous à Sébastien Lecornu dès le mois de janvier et menacent de mener des mobilisations encore plus importantes.

Les syndicats demandent notamment de cesser l'abattage des troupeaux, ce à quoi le Premier ministre estime que "n'éliminer que les bovins présentant des symptômes fait courir un risque majeur de propagation du virus". Il a toutefois annoncé dans son courrier faire passer le montant du fonds d'urgence annoncé en début de semaine de 10 à 11 millions d'euros, destinés aux petites exploitations les plus en difficulté. Plus de sept millions d'euros d'acomptes ont été versés aux éleveurs dont les vaches ont été abattues depuis juin.

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