Un jour après la conférence de presse données par Emmanuel Macron en réponse au grand débat, un drôle de sentiment domine. Si le président a fait plusieurs annonces pour pallier les revendications sociales, un manque se fait ressentir. Rien d'étonnant puisque Emmanuel Macron s'est montré, comme à son habitude, en gestionnaire qui se veut rationnel, oubliant l'essentiel : le projet national qu'il avait annoncé aux Français au lendemain de l'incendie de Notre-Dame.
Le chef de l'État a eu beau essayer de hausser le niveau, évoquant la perte de sens collectif dont souffre les citoyens, il s'est enferré dans des formules ésotériques, comme par exemple "le patriotisme inclusif", pas de quoi s'enthousiasmer. Restent donc les mesures : au lieu de faire nation, Emmanuel Macron a encouragé les Français a se comporter en consommateurs qui feuillettent un catalogue à la recherche de l'aubaine, il a renforcé l'individualisme.
Pourtant, ces mesures sont loin d'être négligeables et répondent à des préoccupations sur le pouvoir d'achat, le recouvrement des pensions alimentaires ou encore la présence des services publiques dans les cantons. En revanche, leur surnombre est gênant.
Emmanuel Macron a fait le choix de noyer les Français dans un flot d'annonces qui les oblige à chercher ce qu'ils ont éventuellement à y gagner.
Olivier Mazerolle
On attend du président de la République l'énoncé des lignes directrices assorti de quelques mesures phares, qui accrochent l'attention et qui traduisent en termes concrets le cap, le sens de l'action politique. Il aurait pu, par exemple, expliciter en quoi consistait la baisse d'impôts, plutôt que de laisser les Français dans l'expectative et renvoyer le reste à un discours de politique générale du Premier ministre à l'Assemblée nationale.
Emmanuel Macron a fait le choix de noyer les Français dans un flot d'annonces qui les oblige à déchiffrer, à chercher ce qu'ils ont éventuellement à y gagner. En oubliant d'y mettre le supplément d'âme, il se prive de l'effet d'entraînement qui permet de compenser les déceptions inévitables.
Ses électeurs restés fidèles à la hauteur de son score du premier tour de la présidentielle sont certainement satisfaits, il reste dans les clous de sa politique qui donne la priorité à la production pour résorber le chômage. Il est probable qu'il s'attire aussi le consentement des français peu enthousiastes, mais résignés, qui jugent avoir trop à perdre dans le désordre permanent des manifestations du samedi.
En revanche, Emmanuel Macron éveille des doutes sur le sérieux de sa politique en restant flou sur les économies budgétaires. Et plus encore, il ne répond pas à l'attente de ceux qui revendiquent le droit de vivre dignement de leur travail. Il n'a pas trouvé les mots susceptibles de les rassurer sur ses intentions pour calmer leurs attentes. La situation demeure instable.
Mais le président n'oublie pas de faire de la politique électorale, en vue des Européennes. Il a intronisé la politique migratoire au rang de combat européen, réclamé le respect des frontières, dénoncé pour la première fois l'Islam politique, décrété la fin de l'emprise sans partage de l'Allemagne sur la zone Euro.
Le tout pour conserver l'électorat de droite qui l'a rejoint et pourrait être tenté par l'effet Bellamy à la tête de liste des Républicains. Si le mouvement de retour au bercail de l'électorat de droite devait s'accentuer, il pourrait priver Emmanuel Macron des voies nécessaires pour devancer Marine Le Pen aux Européennes. Il s'agirait alors d'une déroute lourde de conséquences.
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