ÉDITO - Vœux d'Emmanuel Macron au monde de la santé, "On a déséquilibré l’hôpital", estime Alba Ventura

S'agit-il d'un nouvel exercice de "calinothérapie" ? Non, même si c’est la première fois que le président dédit ses vœux aux professionnels de santé. L’ambition, c'est plutôt un discours pour changer la manière de faire fonctionner notre système de santé, puisque cela fait des années que l’on colmate ou que l’on écope, sauf ça ne marche pas. 
Aujourd'hui, on a une épidémie de grippe qui met l’hôpital en grande difficulté. Le ministre de la Santé, François Braun, le disait hier : on a depuis 40 ans un système qui a été construit sur l’offre de soins, avec l’obsession de faire des économies. On a rationalisé la santé et on a déséquilibré l’offre de soins à l’hôpital par rapport à la médecine de ville. Tout a été désorganisé. Résultat : au bout de 40 ans, on a un système qui est au bout du rouleau et qui ne sait plus répondre aux besoins des patients. 

Que va faire Emmanuel Macron ?

On ne m’a pas fait passer son discours, mais j’ai cru comprendre qu’il y aurait quelques annonces. Sans doute, la revalorisation que réclament les médecins libéraux, même si la consultation ne va pas passer à 50 euros, mais elle va augmenter. Le ministre a prévenu, cela doit être donnant-donnant. On ne peut plus avoir des patients atteints de maladies chroniques sans médecin. Il faut des médecins la nuit et il faut pouvoir trouver un médecin le week-end.
 
Par ailleurs, il faut décharger les médecins de la paperasse, des tâches administratives, qui leur prennent du temps médical. Il faut développer "la santé de ville", pas seulement la médecine de ville, puisque les médecins ne sont pas les seuls à pouvoir pratiquer des actes médicaux, les infirmières ou les pharmaciens peuvent également le faire. On ne s’est pas bien rendu compte d’une petite révolution avec le coronavirus, lorsqu'on a autorisé les pharmaciens à vacciner.

Il faut développer la santé de ville parce que si on ne trouve pas d’offres de soins en ville, on va aller à l’hôpital. Le président va certainement refixer les bornes entre l’hôpital et la médecine de ville. Pour l’hôpital, il faut absolument que les urgences passent par le 15, il faut filtrer, on ne devrait pas aller aux urgences pour une angine ou une grippe. Il faut aussi sortir de la logique comptable des hôpitaux, comme la facturation à l’acte, parce qu’un hôpital doit être rentable.

La question de la rentabilité rentre-t-elle en compte ?

La responsabilité des patients est en jeu. Dans cette affaire, il n’y a pas qu’un face à face entre le pouvoir politique et les professionnels de santé. Nous sommes également concernés. Il y a des habitudes à changer. Pour les urgences par exemple, on ne s'y rend pas pour une grippe. Quand on a le nez qui coule, on n’est pas obligé d’aller voir son médecin. Il m’arrive souvent de prendre le métro et quand personne ne porte le masque, alors qu’il y a trois épidémies, ce n’est pas raisonnable.