ÉDITO - Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron, le Président-candidat décomplexé

Une émission avec Emmanuel Macron sera diffusée mercredi 15 décembre sur TF1. Le président de la République prépare le terrain du candidat. Je ne veux pas vous donner l’impression de redécouvrir tous les matins le charme, parfois pas très discret, de la Ve République, mais c’est bien de cela dont il s’agit. L’hyper-Président n’a pas besoin de se cacher pour être hyper-candidat. 

Après tout, si on regarde dans l’histoire récente, en 2012 et encore un peu plus tard dans le calendrier, le 29 janvier, Nicolas Sarkozy s’était offert une émission en prime-time... sur huit chaînes de télévision en même temps. Et vous voulez sourire un peu ? Celui qui n'était donc pas encore candidat assurait alors que "les Français ne sont pas rentrés dans la campagne : ils sont dans la crise".

10 ans plus tard, les conseillers d'Emmanuel Macron disent la même chose, et le chef de l'État fera certainement huit télés, mais une par une. Le rendez-vous de mercredi 15 décembre ne lèvera pas une forme d’hypocrisie assumée, et les critiques de l’opposition sur un abus de position dominante évident sont balayées d’un haussement d’épaules à l’Élysée.

Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à rentrer dans une mêlée trop boueuse.

Un ministre

Mais Emmanuel Macron peut-il faire autrement ? Se déclarer ? Ce n’est pas au programme cette fois-ci encore. Nous aurons juste une réponse maligne à cette question obligatoire, "Êtes-vous candidat ?". La contrainte est bien connue : si le Président sortant est officiellement, formellement, candidat, il n’est plus tout à fait chef de l’État. Une part de ses supers pouvoirs s’évanouissent aux yeux des Français. C’est inévitable.

Un ministre m’a résumé cela autrement : "Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à rentrer dans une mêlée trop boueuse". Une mêlée où il n’a que des coups à prendre et des points à perdre. Ce qui fait dire à un autre ministre important : "J’espère qu’on échappera a une campagne pour ou contre Macron".

Purger les malentendus

La Ve République, revenons-y, c’est un homme, un peuple, et souvent, ces derniers temps, pas mal de malentendus. Et c’est bien à ça que le Président-candidat veut s’attaquer avant les fêtes et avant une nouvelle année pleine de promesses. Emmanuel Macron veut purger les malentendus, notamment sur sa personnalité, avant de passer aux choses sérieuses. Nous aurons donc le droit mercredi 15 décembre à un exercice d’auto-critique, sur les gilets jaunes ou sur le Président des riches.

Ce n’est pas la première fois qu'il se livrera à cet exercice, mais son image d’arrogance est tenace. Emmanuel Macron est conscient qu’il agace, dixit un responsable de la majorité. Emmanuel Macron le sait aussi : il donne trop souvent dans un positivisme, qui irrite le Gaulois réfractaire. L’impression de ne parler qu’à la France qui va bien, voir très bien.

Cette perception peut-elle vraiment changer ? Ce n'est pas évident, parce que, pour l’un de ses interlocuteurs irréguliers, Emmanuel Macron continue de personnifier le pouvoir à l’excès avec son omniprésence médiatique. Un rapport direct avec les Français, sans aucun rempart : il cumule tous les risques, et surtout, celui de continuer d’énerver ses détracteurs sans forcément élargir la base de ses électeurs.

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