On a entendu François Bayrou parler de "trouble" et prendre ses distances avec la justice (tout en disant qu’il ne commente pas la décision visant Marine Le Pen). Un Premier ministre devrait-il dire ça ?
J’ai envie de dire : "Ne tirez pas sur le pianiste François Bayrou", pas tout de suite. Alors, il y en a qui s’émeuvent de ces mots, notamment au PS, soit. Ne nous emballons pas, l’expression d’un "trouble", singulièrement sur le point de l’exécution provisoire, n’est pas encore une pression sur la justice.
D’autant que beaucoup, sur plusieurs bancs de l’Assemblée, se demandent - sans pour autant remettre en cause la justice - , s’il ne faut pas réfléchir à faire évoluer la loi sur ce point.
Or le gouvernement a un rôle dans le processus législatif. Bref, ce n’est pas forcément habile, mais il n’y a pas de quoi grimper aux rideaux.
Je vois bien le soupçon : il y aurait un lien entre les deux, elle le tiendrait par la barbichette. Alors, il y a deux éléments qui vont dans ce sens.
D’abord le risque de censure : le RN pourrait avoir la tentation de faire tomber François Bayrou par dépit. Et puis il y a le fait aussi que le MoDem, parti de François Bayrou, a eu également des ennuis avec ses assistants parlementaires, même si l’ampleur n’était pas la même : la fraude du RN a été beaucoup plus systématique.
Tout ça fait dire à certains qu’ils ont partie liée. Mais je vais choquer les esprits soupçonneux : il n’est pas interdit de penser que François Bayrou est sincèrement troublé.
La culture politique de François Bayrou est celle d’un démocrate chrétien, le compromis, de la préférence pour la proportionnelle, et donc la représentation de ses adversaires. François Bayrou avait proposé en 2017 une banque de la démocratie, pour que tous les partis puissent se financer, et en 2022 une banque des signatures, pour que des partis avec peu d’élus, même très éloignés de lui, puissent se présenter à la présidentielle.
Et puis ce souci affiché de représentation est aussi le corollaire d’un discours sur les risques de fracture, qu’il tient encore. Tout cela est une constante chez lui. Et ça préexiste au contexte politique actuel. François Bayrou serait-il donc vraiment sincère ? Et pourquoi pas ? Je ne suis pas dans la tête de François Bayrou, et personne n’est immunisé contre les arrière-pensées.
Je note quand même qu’en France, la politique est tellement imprégnée d’une culture de l’affrontement que l’on trouve louche quand quelqu’un exprime de la considération, même du bout des lèvres, pour le sort d’un adversaire.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte