Alors qu'en Turquie, le maire d’Istanbul, principal opposant d'Erdogan, a été mis en prison. Un nouveau coup d'État gronde sous des réactions pourtant très mesurées en Europe, selon Etienne Gernelle.
Recep Tayyip Erdoğan, c’est un peu le Vladimir Poutine qui a la carte. L’autocrate qui peut tout se permettre. Il vient donc de jeter en prison son opposant numéro un, le populaire maire d’Istanbul Ekrem Immamoğlu, lequel aurait pu le battre lors de la prochaine présidentielle. C’est une parodie de procédure judiciaire, en fait une sorte de coup d’État préventif.
Or la Turquie est toujours officiellement candidate à l’entrée dans l’Union européenne. Et que disent les européens ? Pas grand-chose. Pas de sanctions ni même de mots trop blessants. Ursula Von der Leyen a jugé la situation "très préoccupante".
Le Quai d’Orsay dénonce des "atteintes graves à la démocratie", ajoutant que "La France réitère sa profonde préoccupation à cet égard". Le service minimum donc.
Mais pourquoi cette prudence ? D’abord, on a besoin de la Turquie dans notre fameuse "coalition des volontaires" contre la Russie. La Turquie soutient l’Ukraine, même si elle a ses subtilités, voire ses ambiguïtés.
Quoi qu’il en soit, elle a un rôle clé : elle tient le détroit du Bosphore et elle abrite, rappelons-le, une base importante de l’Otan. L’Europe tient à ce qu’elle reste du bon côté. Et puis il y a l’éternel sujet des migrants. Ankara menace régulièrement d’en pousser des centaines de milliers vers l’Europe, qui est tétanisée.
Qu'est-ce que le président turc doit redouter venant de l’Europe ? Eh bien presque rien. Les faits sont là : depuis 2014, il a embastillé opposants, journalistes, magistrats. Il a menacé la Grèce. Il joue ouvertement contre les intérêts de la France au Maghreb, parraine de fait les Frères musulmans.
Il a envahi la région syrienne d’Afrine en 2018, y pratiquant depuis, par l’intermédiaire d’une coalition de milices, un nettoyage ethnique à l’encontre des Kurdes. Assassinats, viols, torture, tout y est.
Le président turc a aussi apporté un soutien militaire à une autre opération de nettoyage ethnique, contre les Arméniens du Haut-Karabagh, en 2023. Et l’Occident comme toujours, ferme plus ou moins les yeux.
Donc dans le cas présent du maire d’Istanbul, que va-t-il se passer. De notre part à nous, Européens, pas grand-chose. La Russie est la priorité, ça se comprend, bien sûr, mais ce n’est pas glorieux.
Finalement, les seuls à se dresser contre le dictateur turc, ce sont les Turcs. Ils sont des dizaines de milliers à manifester depuis cinq jours. Et on pense à eux.
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