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François Bayrou à l'Assemblée nationale le 14 janvier 2025.
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
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Attendu au tournant. François Bayrou a prononcé, ce mardi 14 janvier 2025, son discours de politique générale face aux députés. Le premier ministre joue déjà la survie de son gouvernement. Après la censure de son prédécesseur et la menace du dépôt d'une motion de censure d'une partie de la gauche, le chef du gouvernement a multiplié les rendez-vous et autres consultations avec les oppositions.
C'est avec un brin d'humour que François Bayrou a commencé sa prise de parole. "Contrairement à ce que l'on pense, la situation de ce gouvernement présente un avantage considérable (...) Quand tout va bien, on s'endort sur ses lauriers et quand tout parait mal, on est contraint au courage", déclare-t-il à la tribune de l'hémicycle.
Le moment le plus attendu du discours de François Bayrou concernait le sujet de la réforme des retraites. Et plus précisément sa suspension, demandée par le Parti socialiste qui en échange s'engageait à ne pas censurer le premier ministre.
Finalement, François Bayrou a opté pour une autre méthode, tout en s'assurant l'accord des socialistes. Le locataire de Matignon remet donc "en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref". Pas de suspension mais plutôt une négociation.
Selon le premier ministre, il ne doit y avoir "aucun tabou, pas même l'âge" de départ. "Les partenaires sociaux ont des pistes pour que la réforme soit socialement plus juste. Ces pistes méritent toutes d'être explorées (...) Chacun des partenaires sociaux aura le droit d'inscrire les questions qui le préoccupent", a-t-il déclaré en précisant qu'une "délégation permanente" sera réunie, "dès vendredi".
Le chef du gouvernement détaille le mode opératoire : "Si au cours de ce conclave, cette délégation trouve un accord d'équilibre et de meilleure justice, nous l'adopterons. Le Parlement en sera saisi lors du prochain projet de loi de financement" de la sécurité sociale à l'automne "ou avant, et si nécessaire par une loi", a promis le dirigeant centriste. Sinon, c'est "la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer".
François Bayrou a aussi annoncé la création d'un fonds spécial "entièrement dédié à la réforme de l'État". Selon lui, les "1.000 agences ou organes de l'État" actuels constituent "un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire".
Ce fonds sera financé par des actifs "en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique, de façon à pouvoir investir, par exemple dans le déploiement de l'intelligence artificielle dans nos services publics", a-t-il déclaré dans sa déclaration de politique générale.
Pourfendeur du scrutin à la proportionnelle, François Bayrou a, sans surprise, proposé la mise en place de ce mode de scrutin avec un "probable" retour du cumul des mandats. Le premier ministre a aussi remis sur la table de négociations la création d'une "banque de la démocratie". Elle permettra aux partis politiques de se financer auprès d'"organismes publics" et pas seulement privés.
Souhaitant que les partis "puissent se financer sans avoir besoin de passer par des stratégies de contournement", le Premier ministre a dit vouloir "la création d'une banque de la démocratie pour que le financement des partis politiques et des campagnes ne dépende plus de choix de banques privées, mais puisse éventuellement et en recours, être le fait d'organismes publics placés sous le contrôle du Parlement".
"L'argent ne doit pas diriger les consciences et l'argent ne doit pas prendre le pas sur la libre volonté des citoyens", a-t-il déclaré.
Le premier ministre qui a été enseignant au sein de l'Éducation nationale, a consacré une partie de son discours de politique générale à l'enseignement. "Parcoursup est une question", a-t-il déclaré. Il estime nécessaire d'"ouvrir les portes" et d'"inventer la période de l'année d'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur".
"Vouloir sélectionner précocement, sans qu'aient mûri l'esprit et les attentes, je pense que c'est une erreur, en tout cas une faiblesse", a ajouté devant l'Assemblée nationale le chef du gouvernement, critiquant en creux la plateforme post-bac d'orientation lancée en 2018.
François Bayrou a aussi évoqué les "gilets jaunes". Les "gilets jaunes" ont "dénoncé l'état qu'ils ressentaient de notre société", "la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas", mais "la promesse française suppose que nous puissions abattre le mur qui existe entre les uns et les autres", a affirmé le Premier ministre.
"C'est la raison pour laquelle nous devrons reprendre l'étude des cahiers de doléances", afin que "s'expriment dans notre société (...) les attentes souvent les plus inexprimées, qui sont celles des milieux sociaux exclus du pouvoir", a-t-il ajouté.
Les cahiers de doléances issus du mouvement des "gilets jaunes" (2018-2019), porteur notamment de revendications sur les retraites et le pouvoir d'achat, avaient été ouverts pour recueillir des contributions durant le "grand débat national", initié à l'époque par Emmanuel Macron. Mais cinq ans après, ils n'ont pas été rendus publics, et seuls quelques chercheurs y ont eu accès.
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