ÉDITO - Sanctions contre la Russie : "L’Europe a les cartes en main" selon Étienne Gernelle

Ce matin, j’ai envie d’être un peu plus optimiste. Et ce qui me confère cet optimisme, c’est une petite déclaration faite ce mercredi par une obscure porte-parole de la Commission. On en parlait, le Kremlin, conditionne l’entrée en vigueur du cessez-le-feu très partiel en mer Noire à la levée de certaines sanctions. Et la Maison-Blanche, tout à sa politique d’aplatissement, semble de son côté se prêter au jeu.

Sauf que le 26 mars 2025, cette porte-parole inconnue de la Commission, Anita Hipper, a administré un double soufflet aux présidents Donald Trump et Vladimir Poutine. 

"Le retrait inconditionnel de toutes les forces militaires russes de l'ensemble du territoire ukrainien seraient l'une des principales conditions préalables à la modification ou à la levée des sanctions", selon celle-ci.

Qu'est-ce que cela change concrètement ?

Cela veut dire que le petit plan de normalisation poutino-trumpien a du plomb dans l’aile, car il repose sur une levée progressive des sanctions. Or en la matière, c’est l’Europe qui a les clefs.

D’abord parce que les échanges pré-guerre entre la Russie et l’Europe étaient presque dix fois plus importants que ceux entre la Russie et l’Amérique. Surtout, les flux financiers peuvent difficilement éviter l’Europe. 

Ceux qui reprendraient les échanges avec la Russie se mettraient en risque en Europe. Tout ça pour une économie, la Russie, de la taille celle du Texas. Bref, sur ce plan, l’Europe a les cartes en main.

Pourquoi les sanctions économiques ne suffisent pas

Les sanctions ne suffisent pas, c’est sûr. Mais elles conservent de l’importance, et en gagnent même depuis que Donald Trump a accepté d’en faire un élément central de sa complaisante négociation avec Vladimir Poutine.

Or sur ce point il s’est surestimé. L’Europe – et donc l’Ukraine – a un levier puissant. Et l’a montré hier. Mais si ce message est important, pourquoi est-il porté par une presque inconnue ?

Eh bien, on pourrait revenir sur la question de cette Europe sans visage, sans incarnation, qui n’est même pas capable d’avoir des vrais personnages historiques ou de vrais monuments sur ses billets de banque.

Notons d’ailleurs, et c’est un paradoxe, que sur le plan militaire, où elle est moins décisive, ses leaders sont plus démonstratifs. Mais hier, par cette petite déclaration discrète, elle a montré qu’on pouvait relever la tête même sans avoir de visage.

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