Gérald Darmanin a mis une semaine avant de répondre aux Républicains sur le sujet de l'immigration. Le ministre de l'Intérieur dit à son tour : "Chiche, travaillons ensemble." Un geste qui relève surtout du pragmatisme, car compte tenu de la majorité relative à l’assemblée, il n’y a pas vraiment d’autres choix. Quel que soit le bout par lequel le parti macroniste prend le problème, tous les chemins passent par LR. Les Républicains, c’est le parti politique qui a le plus de points communs avec la majorité et est la seule force politique susceptible de lui apporter des voix. L'exemple des retraites est éloquent : lorsque LR ne suit pas, ça casse.
Le gouvernement ne peut pas se permettre de passer en force sur tous les sujets au risque d’être renversé. Les députés républicains sont 63 au total, ce qui est peu, mais quand il manque 20 voix on ne voit que ça.
Oui, cette manœuvre sur le sujet de l’immigration a un air de déjà vu. Comme pour les retraites, le gouvernement avance que le texte du Sénat est une bonne base pour discuter. Comme pour les retraites, le gouvernement est prêt à reprendre des dispositions de LR. Donc le ministre de l'Intérieur avance de manière assez similaire, mais il passe le cran supérieur quand même. C’est-à-dire que Gérald Darmanin est au-delà du "compromis", la main tendue à LR est une sorte de "co-construction", un mot barbare pour dire : construisons la loi ensemble.
Gérald Darmanin fait ainsi de LR une composante "informelle" de la majorité. Au ministère de l’Intérieur on se dit que c’est l’occasion d’y voir clair : soit LR est dans la tactique politicienne, soit LR a envie de se comporter comme un parti de gouvernement.
D’abord ce sont eux qui ont dit "chiche" les premiers : ils ont posé deux textes sur la table, dont on ne connait pas précisément le contenu. Le problème c’est qu’il y a 50 nuances de LR. Les LR tendance Eric Ciotti à l’Assemblée sont plutôt enclins à négocier, Gérard Larcher au Sénat est aussi "tendance compatible." Mais il y a tous ceux qui pensent qu’attendre 4 ans serait plus judicieux, que construire une campagne présidentielle sur l’immigration aurait plus d’impact. Il y a aussi ceux qui