ÉDITO - Législatives 2024 : Sarkozy et Hollande, le retour des ex

François Hollande et Nicolas Sarkozy sont tous les deux investis à leur manière dans cette campagne législative.

Les anciens présidents français Nicolas Sarkozy et François Hollande, en mars 2018.

Crédit : Philippe LOPEZ / AFP

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Les deux prédécesseurs d'Emmanuel Macron remontent en selle, chacun à sa manière. Sans surprise, François Hollande est le plus offensif après avoir décidé de se porter candidat aux législatives en Corrèze. Une décision pas si inattendue que ça quand vous connaissez François Hollande et que vous savez ce qui l’anime, c’est-à-dire la trahison mal digérée et le sentiment que son histoire n’est pas terminée.

Il faut savoir que depuis deux ans, sans relâche, François Hollande réorganise ses réseaux, il commente, il critique l’action de son successeur, il laisse planer l’idée qu’il pourrait être candidat à la présidentielle une nouvelle fois. Il n’a pas raccroché. François Hollande me fait penser à ce que disait Nicolas Sarkozy à propos du virus de la politique : "La politique est une drogue dure, il n’est pas facile de retirer la seringue". Voilà pourquoi je vous dis que ce n’est pas vraiment inattendu. François Hollande a replongé, il a trouvé dans cette crise politique l’espace qu’il cherchait pour exister.

Il peut l'emporter et c’est pour ça qu’il y va. C’est une terre qu’il connait bien, il y a de solides relais. Il s’est imposé par un petit tour de passe-passe grâce à ses amis sur place. C’est son ancien fief. Même si le député sortant est LR, et que le RN est passé en tête aux européennes, si vous prenez le résultat de toute la gauche à Tulle, on arrive à 45% et il ne faut pas croire que les habitants de la 1ère circonscription de Corrèze l’accueillent à bras ouverts, notamment à cause de l'alliance avec LFI.

Mais lui pense qu’il peut se relancer depuis Tulle. Un François Hollande député pourrait très bien être candidat à Matignon, ce qui ne manquerait pas de sel car comme on dit la vengeance est un plat qui se mange froid.

Nicolas Sarkozy prend ses distances avec la majorité

Nicolas Sarkozy, lui, n’a pas franchi le pas de l’élection, il faut dire qu’il a le souvenir cuisant de la primaire de la droite. En revanche, il a bien senti le vent et il ne peut pas s’empêcher de donner des leçons en critiquant le coup politique de la dissolution, ce qu’il a fait en donnant une grande interview dans le JDD hier.

Le paradoxe, c'est que Nicolas Sarkozy a toujours eu une relation très étroite avec Emmanuel Macron. Cela fait des années qu’il le conseille, qu’ils se voient en tête-à-tête à déjeuner. Par ailleurs, c’est l’un des plus proches de Nicolas Sarkozy, Pierre Charon, qui était dans la confidence de la dissolution et qui lui a recommandé de la faire, sans que cela n’arrive aux oreilles de l’ancien président. On comprend mieux pourquoi il prend aujourd’hui ses distances en expliquant qu’il est toujours de droite, toujours fidèle à son parti LR.

Il y a peut-être chez Nicolas Sarkozy, qui a appelé à voter Macron en 2022 au grand dam de son propre camp, du dépit et de la déception à constater que le jeune président n’écoute personne et n’en fait qu’à sa tête.

Je ne crois pas que la parole des anciens présidents pèse dans les débats. En revanche, cela confirme l’idée qu’Emmanuel Macron, en sept ans, s’est fait pas mal d’ennemis ou a fait pas mal de déçus.

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