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Jeunes, débrouillards, attirés par l'appât du gain : qui sont les pirates derrière les cyberattaques qui se multiplient ?

Un jeune homme de 22 ans, suspecté d'être l'auteur du piratage des serveurs du ministère de l'Intérieur, a été interpellé ce mercredi 17 décembre. Il a déjà été condamné pour des faits similaires en 2025. Mais qui se cache derrière des profils comme le sien ?

Un cybercriminel (image d'illustration).

Crédit : Mathieu Thomasset / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Qui sont les pirates du net ? Comment se forment-ils ?

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Gautier Delhon-Bugard - édité par Gabriel Joly

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Qui se cache réellement derrière ces fuites de données et lignes de codes ? Alors qu'un homme âgé de 22 ans a été interpellé mercredi 17 décembre et placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte après le piratage des serveurs du ministère de l'Intérieur et que la CAF a aussi été visée, RTL vous propose une plongée dans le monde des hackers. Concrètement, il existe trois grandes familles de pirates informatiques.

En premier lieu, on retrouve les "hacktivistes", des militants qui agissent par idéologie comme le groupe Anonymous qui a piraté en mars dernier le réseau social X pour s'opposer à Elon Musk. Il y a ensuite les hackers étatiques financés par des gouvernements pour espionner ou déstabiliser. Puis les cybercriminels, qui volent des données, demandent des rançons et font de la fraude financière avec pour seul objectif de gagner de l'argent.

Ce sont souvent des groupes très organisés mais depuis quelques années, de plus en plus de jeunes basculent dans la cybercriminalité. Il y a quelques mois, un adolescent de 17 ans a été mis en examen après le vol des données de l'opérateur Free. D'après les enquêteurs, la revente des données de 19 millions de clients a rapporté au moins 20.000 euros aux auteurs.

"On a l'image de l'adolescent des films dans son garage. Elle était un peu passée de mode avec des groupes plus professionnels et criminels, très organisés. Mais depuis 2-3 ans, on assiste au renouveau d'une tendance avec des profils assez jeunes émerge. Cela peut être des gens dans leur début de vingtaine avec des compétences techniques déjà bien évoluées", explique Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet Wavestone.

Souvent des jeunes au "cadre familial compliqué"

Pour se former, tout est déjà sur internet et sur les forums, un peu comme des tutos du parfait cybercriminel. Dès lors, ces jeunes au "cadre familial compliqué", dixit le hacker éthique Clément Domingo, ont tout le luxe de devenir des experts.
"Certains sont déscolarisés. Ne partant plus à l'école ou un peu isolés, ils vont commencer à rejoindre les forums Discord ou des canaux Telegram et vont commencer à découvrir des choses, se faire aussi aborder par 'les grands' du milieu, qui vont leur faire faire leurs sales besognes. Ils vont y prendre goût. Certains sont quand même assez intelligents et débrouillards. Petit à petit, ils se font embrigader jusqu'à ce que ce soit assez gros et surtout que ça les dépasse", raconte celui dont le rôle est notamment de pirater des entreprises avec leur accord pour les aider à corriger les failles de sécurité.

Il y a aussi l'appât du gain. Ces jeunes volent des données, par exemple des fiches avec des noms, des numéros de téléphone et des adresses et les revendent pour quelques dizaines d'euros. "On parle quand même de jeunes d'à peine 16-17 ans, qui se font l'équivalent d'une année entre 100.000 et 120.000 euros en cryptomonnaie", ajoute Clément Domingo, qui a discuté avec certains d'entre eux, qui n'hésitent pas à monnayer des fuites d'informations.

La plupart se sentent intouchables mais les autorités parviennent régulièrement à remonter jusqu'aux pirates informatiques "grâce à un travail exceptionnel des agents dans le renseignement cyber". Cela passe par le fait de s'infiltrer dans des forums cybercriminels, de faire ce qu'on appelle des "enquêtes sous pseudo" et de venir récolter de l'information en analysant des traces numériques. "Une cyberattaque laisse des traces, même si vous êtes bons et parfois certains qui se font démasquer", conclut le hacker.

Les cybercriminels risquent de deux à dix ans de prison et l'amende peut grimper jusqu'à 300.000 euros.

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