"C’est bien de vivre jusqu’à 90 ans, mais pas pour être grabataire" : RTL a enquêté sur le business de la jeunesse éternelle

Le système de santé français est dans le rouge et que de nombreux Français peinent à se faire suivre, faute de médecins. Certains, eux, ont accès à des soins de haute technologie pour leur permettre de rester en bonne santé le plus longtemps possible. C'est tout un business qui s'est développé autour de la recherche de la jeunesse éternelle.

Une médecine de pointe, réservée aux plus riches. Dans les beaux quartiers de Paris, à deux pas de la très chic place Vendôme, au milieu des boutiques de luxe, la start-up médicale Zoï a ouvert ses portes.

"On a voulu ouvrir un centre différent des expériences médicales qu'on a pu connaître à l'hôpital ou en clinique, explique Ismaël Emelien, cofondateur de Zoï. On entre dans un lieu où il n'y a pas de salle d'attente. Vous êtes immédiatement accueilli par quelqu'un de l'équipe qui vous conduit à votre suite."

Suite luxueuse et collation d'Alain Ducasse

Car oui chez Zoï, le patient n'est pas vu dans une chambre d'hôpital, mais dans une suite luxueuse, avec lumière tamisée et parfum d'ambiance. Le patient enfile un peignoir et des pantoufles confortables pour subir toute une batterie d'examens. 

Il est possible d'en avoir 37 : échographie du corps entier, scanners, prise de tension, analyses d'urines... "On va vous prélever du sang, on va vous manipuler, on va vous poser des questions intimes. Ça reste très médical, mais ça se fait dans des conditions qui permettent d'être le plus détendu possible et d'améliorer encore l'acquisition de données", indique-t-il, soulignant qu'"une vingtaine de check-up" sont réalisés chaque jour.

La batterie d'examens dure 4 heures. Celles-ci sont interrompues par une collation cuisinée par le chef Alain Ducasse. La demi-journée se termine au spa. On est loin, très loin, des consultations habituelles.

"Je vois les bénéfices"

À quoi sert vraiment ce "check-up" ? Le patient ressort avec un mode d'emploi de son propre corps : quels sont ses points forts, ses points faibles, quels sont les risques de développer telle ou telle maladie... 

Xavier, chef d'entreprise de 59 ans, a été incité à changer son mode de vie : "C'est une manière de dormir un peu différente, avec des heures de coucher plus régulières, ne plus manger de pain le soir, et beaucoup de compléments alimentaires. Je vois les bénéfices, j'ai beaucoup moins de stress qu'avant, ça n'a rien à voir." Selon lui, il faudrait faire ce check-up tous les deux ans, car "c’est bien de vivre jusqu’à 90 ans, mais pas pour être grabataire à partir de 70". 

"On est dans la médecine à deux vitesses", dénonce un médecin

Mais peu de personnes peuvent se payer ce check-up complet pour mieux vieillir : l'examen coûte 3.600 euros, entièrement à la charge du patient. "Ça va satisfaire les gens qui ont beaucoup d'argent, qui auront l'impression de prendre soin d'eux. Mais le message envoyé est absolument catastrophique", fustige Arnaud Chiche, médecin-réanimateur, président du Collectif Santé en danger (SED).

"Il y a des gens qui galèrent sur des brancards dans les services d'urgence pendant huit heures, mais à-côté de ça, la start-up Zoï va proposer des check-up préventions à plusieurs milliers d'euros. On est dans la médecine à deux vitesses. C'est quelque chose qui devrait être proposé dans les hôpitaux, sauf que dans les hôpitaux, on manque de tout. Des initiatives privées se gavent sur la tristesse du système de santé français. Je trouve ça complètement lamentable", dénonce-t-il.

La start-up Zoï dit vouloir démocratiser ses services et discuter avec des mutuelles pour obtenir un remboursement. Mais on en est encore très loin aujourd'hui et ses services restent réservés aux plus aisés.

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