2 min de lecture
Une pancarte brandie lors d'une manifestation du 10 septembre 2025.
Crédit : Hervé Chatel / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
Ceci est un peu un édito de vieux schnock. J’ai commencé ce métier en suivant les questions sociales, il y a 25 ans. Et j’ai par exemple passé beaucoup de temps dans les grandes manifestations contre la réforme des retraites de 2003. Les gens y allaient volontiers en famille, on mangeait, on buvait un peu, il y avait de la musique, c’était festif. Alors tout cela n’a pas complètement disparu, bien sûr, mais on ne se demandait pas si cela allait dégénérer, en tout cas, on n’attendait pas les black blocs.
Pour aujourd’hui, le ministère de l’Intérieur dit attendre entre 5.000 et 8.000 "casseurs professionnels", selon sa formule. On parle presque autant du nombre de policiers déployés que de manifestants attendus. On va même voir la présence du Centaure, le nouveau véhicule blindé de la gendarmerie. Comme en 2003, il sera question de retraites aujourd’hui. Mais l’atmosphère n’est plus la même.
On pourrait ressortir utilement tous les travaux de Jérôme Fourquet sur ce qu’il a appelé la décivilisation, s’appuyant sur un concept forgé par Norbert Elias au siècle dernier. Fourquet évoque notamment l’augmentation de la violence contre les autorités : policiers, gendarmes mais aussi pompiers. Ce diagnostic est souvent contesté, notamment par cet intellectuel canadien, Steven Pinker, qui dit que sur le long terme la violence baisse, c’est notre tolérance à la brutalité qui est moindre.
Mais il est difficile de contester que les modalités de la contestation ont changé, dans un pays désindustrialisé, donc avec moins d’ouvriers, et avec une structure syndicale globalement plus faible.
Alors il y a encore de grands mouvements sociaux, la preuve aujourd’hui, mais ils sont moins décisifs. La dernière fois qu’il y a eu une grande victoire syndicale dans la rue, c’était peut-être contre le Contrat première embauche, le CPE, de Dominique de Villepin, en 2006. Les manifestations contre la réforme des retraites de 2023 n’ont pas été décisives. Et puis il y a cette conviction, vraie ou fausse, illustrée en tout cas par les Gilets jaunes, que seule la violence effraie le pouvoir.
Cela dit, méfions-nous tout de même des réflexes de vieux schnock. J’ai retrouvé cette phrase de Théophraste, au IVᵉ siècle avant J.-C., qui se moquait des gens qui affirment que, je cite, "les hommes d’aujourd’hui sont bien loin de valoir ceux d’autrefois".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte