ÉDITO - Le "malaise Olivier Faure", analysé par Étienne Gernelle

Le Parti socialiste et le Rassemblement national auront un point commun ce mercredi 17 septembre : ils vont tous deux rencontrer Sébastien Lecornu. Intéressons-nous au patron des socialistes et du “malaise Olivier Faure”. Le mot "malaise" a été utilisé par le député socialiste Jérôme Guedj, dans un entretien à L’Opinion.

Le sujet du malaise n’est pas le jeu de chat et de souris entre Sébastien Lecornu et le PS, ça, c’est du classique. Le sujet, c’est Olivier Faure et son jeu étrange avec LFI. En deux posts sur le réseau social X, le premier secrétaire du PS a semé un immense trouble, y compris dans son parti.

Acte I : il propose de placer des drapeaux palestiniens sur les mairies le jour de la reconnaissance de l’État palestinien par la France. Il s’attire des critiques externes - Bruno Retailleau par exemple - mais aussi internes. Surtout, ce qui a choqué, c’est sa réponse à un internaute qui lui faisait remarquer que, ce jour, le 22 septembre, est aussi celui du Nouvel An juif, Rosh Hashanah. Cet internaute l’accusait de courir après LFI qui a fait du Proche-Orient l’un de ses sujets de politique nationale favoris.

Acte II : Olivier Faure a répondu : "Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort". Qu’est-ce que les détracteurs d’Olivier Faure reprochent à cette phrase ?

À écouter aussi

RTL Midi

POLITIQUE - Sur quelles mesures, les députés PS vont-ils tenter de négocier avec Bayrou ?

17/07/2025 à 15:13 - 01m27s

Le "vous". S’adresse-t-il seulement à son interlocuteur, ou à tous qui célèbrent le Nouvel An juif ? Le sujet, c’est l’essentialisation. L’émoi est profond, et, comme le dit Jérôme Guedj, bien au-delà de la communauté juive. Olivier Faure se défend de toute généralisation, jure qu’il ne parlait que de son interlocuteur, mais comme il a refusé de retirer son post pour le reformuler, le soupçon de jouer sur l’ambiguïté se renforce.

Comment se passer de l'allié insoumis ?

Ce soupçon est justifié. L’histoire récente ne plaide pas pour Olivier Faure, qui a placé deux fois le PS, en 2022 et en 2024, dans l’orbite de LFI. Il est manifestement est un peu paniqué par l’idée de se passer de cet allié, certes encombrant, mais précieux d’un point de vue électoral. Les mauvaises langues ajoutent qu’il est personnellement vulnérable dans sa propre circonscription, la 11ᵉ de Seine-et-Marne, où les insoumis font des gros scores.

À quoi joue donc Olivier Faure ? Mystère. Au PS, on se souvient que François Mitterrand adorait citer cette phrase du Cardinal de Retz : "On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment". Sauf cette ambiguïté-là passe très mal.