ÉDITO - Et si Sébastien Lecornu n'arrivait pas à former un gouvernement ?

Sébastien Lecornu poursuit ses entretiens à Matignon en vue de trouver un budget, puis de former un gouvernement, mais il existe une hypothèse selon laquelle il n'y en aurait jamais. L'opération Lecornu repose sur un pari politique nouveau sous la Ve République, et très risqué. 

Michel Barnier et François Bayrou avaient d'abord composé leur équipe en essayant d'en élargir l'assise, puis, ils avaient tenté de négocier des indulgences loi par loi, texte par texte, avec des partis extérieurs au socle commun. Sébastien Lecornu fait l'inverse. D'abord, il parle du fond, il essaie d'obtenir une sorte de pacte du socle commun, et il essaie de négocier en amont les conditions du non-censure avec les socialistes, avant de composer un gouvernement. Sauf qu'il n'est pas du tout certain qu'il en arrive là.

Le PS fait monter très haut les enchères, notamment son désir ardent de taxation des riches, et continue de demander un geste sur les retraites, parce que la CFDT le fait, et qu'il se sent obligé de la suivre à l'approche de la mobilisation du 18 septembre. Mais si Sébastien Lecornu s'aplatit devant le PS, il pourrait perdre le soutien des Républicains, voire du groupe Horizon.

Il y a donc deux solutions pour le Premier ministre. Soit, il persévère et il constitue un gouvernement sans avoir une base politique viable. Dans le socle commun, on a déjà trouvé à ce gouvernement qui n'existe pas, encore un surnom, on l'appelle le gouvernement Titanic : personne ne se bouscule pour monter à bord. L'autre possibilité pour Sébastien Lecornu, c'est de rendre les clés. C'est très commun en Europe, un Premier ministre ou un équivalent qui échoue à former des alliances et donc un gouvernement, et donc renonce, laissant sa place à quelqu'un d'autre. Mais chez nous, sous la Ve République, ce serait inédit.