ÉDITO - Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : Macron fait "le pari de la tortue", assure Étienne Gernelle

Emmanuel Macron mise sur Sébastien Lecornu pour diriger le gouvernement dans un contexte politique complexe. Chargé de négocier avec des partis clés comme LIOT et le PS, Lecornu devra faire preuve de finesse pour éviter la censure et assurer la stabilité.

Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron

Crédit : AFP

Sébastien Lecornu ou le pari de la tortue

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Sébastien Lecornu ou le pari de la tortue

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Emmanuel Macron a donc choisi un très proche, un fidèle, un macroniste pur jus pour aller à Matignon. Sébastien Lecornu sera-t-il en mesure de faire mieux (ou de durer un peu plus) que Michel Barnier ou François Bayrou ? C’est le pari d’Emmanuel Macron ! On pourrait appeler ça le pari de la tortue : d’abord durcir sa protection, rentrer la tête dans les épaules, avancer lentement et espérer que ça passe.

Selon mes informations, qui viennent d’une très bonne source, l’analyse du président de la République pourrait être résumée ainsi : la tripartition de l’opinion et de l’Assemblée est là et elle va durer. Conclusion : rien ne sert de dissoudre, il faut faire le gros dos. Puisque LFI, et le RN jouent l’affrontement, il reste quatre groupes avec lesquels le socle commun peut traiter : LIOT, le PS, les écologistes et les communistes. Il faut s’en accommoder deux pour que le gouvernement tienne. Et en priorité, c’est donc LIOT et le PS que Sébastien Lecornu devra amadouer.

La position de la tortue

La mission de Sébastien Lecornu sera d’abord de négocier en amont de la formation du gouvernement, une sorte d’accord entre les partis du socle commun, sans aller jusqu’à un "accord de coalition" formel, mais disons en tout cas un début de formalisation, et, ensuite, définir avec LIOT et le PS les contours d’une possible non-censure.

C’est une inversion de méthode par rapport à François Bayrou. Au lieu de composer un gouvernement et de traiter ensuite texte par texte, on discute avant. "Rien ne sert de courir, disait la tortue de la fable de la Fontaine, il faut partir à temps".

Un gros pari

Une posture qui n’est pas évidente du tout. Ce n’est plus l’analyse élyséenne, c’est la mienne : Sébastien Lecornu a cet avantage de savoir écouter. Il cultive une attitude d’humilité. Il en a souvent d’ailleurs la posture physique : la tête baissée, un peu d’ailleurs comme l’ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. La position de la tortue.

Sur le fond, il faudra aussi faire la tortue. Car acheter l’indulgence de LIOT et du PS, ça va coûter cher. Très cher ! Le problème, c’est le résultat sur les déficits. Le président de la République estime manifestement que cela peut tenir. Les marchés financiers, la Commission européenne et l’Allemagne nous passeront tout.

C’est un gros pari. N’oubliez pas d’ailleurs que dans la fable du lièvre et de la tortue, de La Fontaine, c’est la Tortue qui lance le défi au lièvre. "Sage ou non, je parie encore", dit la tortue au lièvre. Emmanuel Macron parie encore. Alors est-ce que c’est sage ? Réponse au moment du vote du budget.

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