Et voilà que François Ruffin sort du bois. Dans un entretien à Konbini, le député insoumis de la Somme n'exclut pas d'être candidat à la présidentielle. Il a déjà dit qu’il n’excluait pas d’être un jour candidat, tout en repoussant la question parce que ce n’était pas le sujet du moment.
C’était au Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI, l’année dernière au mois de juin, donc il y a 8 mois. Là, il y va plus directement. Quand il dit : "Il y a un devoir de représenter les plus invisibles de la Nation. Si un jour je dois incarner ça, je le ferai", il y a beaucoup moins d’hésitation.
Il faut dire qu’il a une fenêtre pour avancer ses pions. Jean-Luc Mélenchon est carbonisé et La France insoumise critiquée de toutes parts pour avoir provoqué le chaos à l’Assemblée. Au sein du parti LFI, ils se bouffent le nez.
C’est le bon moment pour essayer de sortir du lot. Mais c'est aussi un insoumis. Un insoumis qui fait l’effet d’une pièce rapportée et qui cultive sa différence dès qu’il en l’occasion. Par exemple sur l’immigration, sur l’insécurité, il ne reprend pas le discours des insoumis. Il n’est pas dans le délire communautariste, il n’a pas participé aux manifs de soutien à Adama Traoré.
Quand Jean-Luc Mélenchon dit "la police tue", il n‘adhère pas. Sur la question du travail, là aussi, il n’est pas dans le moule des Insoumis, lui défend la France des travailleurs, des salariés, pas des assistés. Il n’est pas idéologue. Alors il est très à gauche, mais il n’est pas enfermé dans un mode de pensée, pas sectaire (on pourrait le croire). Il y a une forme de bon sens chez lui qui l’a conduit à travailler à l’Assemblée avec des députés macronistes notamment sur les métiers du lien.
Mais il n’a pas de troupe...
Alba Ventura
Il est très libre en fait François Ruffin. Mais est-ce que la liberté peut le conduire vers une candidature à la présidentielle ? Cette liberté c’est ce qui fait son originalité, mais c’est aussi ce côté très libre qui peut l’empêche d’aller au-delà.
Parce que c’est un solitaire François Ruffin. Un solitaire qui raconte la vie des gens, dès qu’il est à la radio ou sur un plateau de télé, on l’entend parler de Maryline, de Jeanine, ou de Fatima, ces aides à domicile, ces femmes de ménage, ces salariées des Ehpad. C’est un journaliste, un reporter, un documentariste, un écrivain, un formidable conteur. Mais il n’a pas de troupe...
On disait ça aussi d'Emmanuel Macron. On disait qu’il avait surgi de nulle part, sans troupe, sauf que Macron avait des réseaux, de puissants réseaux. Ce qui reste à mesurer chez François Ruffin (mais il a le temps), c’est son niveau d’ambition au sein d’une gauche subclaquante, meilleur carburant du Rassemblement national.