Depuis plusieurs mois, la France insoumise traverse, en interne, une zone de turbulences. Des figures du mouvement, connues pour être proches de Jean-Luc Mélenchon, ont critiqué à plusieurs reprises l'organisation de LFI et sa direction incarnée par Manuel Bompard. "Repli", "verrouillage", "raidissement" du mouvement... Si les remontrances touchent principalement l'organisation, elles sont difficilement dissociables de son chef, Jean-Luc Mélenchon.
Mais que pensent vraiment les députés insoumis ? Quel est le poids de l'ancien député des Bouches-du-Rhône au sein du groupe à l'Assemblée ? RTL a enquêté auprès des élus LFI.
Celui qui a été candidat trois fois à l'élection présidentielle est soupçonné, par des insoumis eux-mêmes, de piloter à distance le mouvement. Parmi les déclarations les plus fracassantes, celle de Raquel Garrido ont marqué un point de rupture. Il "nous a invités au printemps à faire mieux. Il nous a dit qu’il allait devoir être remplacé ! Tout le monde doit être loyal à notre histoire commune. Lui compris. Le pire serait qu’on se retrouve sans candidat en 2027, après avoir déçu et dégoûté beaucoup de militants par nos méthodes...", déclarait-elle dans les colonnes du Figaro.
"Déçu", "dégouté". Les mots sont lâchés et marquent un tournant dans l'histoire de la France insoumise. Le principal concerné, lui, affirme avoir pris ses distances avec LFI. "En retrait", mais "pas en retraite", comme l'assure l'Insoumis, Jean-Luc Mélenchon inaugure ce dimanche 5 février, l'Institut La Boétie, dédié à la formation et à la recherche intellectuelle.
De 17 députés en 2017 à 75 députés en 2022, le groupe La France insoumise a mué en cinq ans. Désormais, les députés, membres de la Nupes, se partagent entre les frondeurs, les indéfectibles soutiens de Jean-Luc Mélenchon et les députés électrons libres qui passent à travers les secousses. "Il y a de grosses tensions au sein du mouvement", décrit un élu LFI. Rapidement, ce député cible deux responsables : Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard. "Jean-Luc Mélenchon fait des blacklist et il les impose à Manuel Bompard. Il est très descendant, il n’écoute pas tellement ou il écoute ceux qui le flattent", regrette-t-il.
"Tout cela est l'effet différé de l'affaire Quatennens", selon un autre député. "Le groupe n’était pas d’accord et n’a pas obéi, analyse un autre élu tout en dressant le même constat. Personne n’a défendu Jean-Luc Mélenchon quand il a eu des propos inacceptables. Avant, on faisait tous le service après-vente. Là, il s’est retourné et il n’y avait personne. Ça l’a agacé et il s’est dit qu'il allait foutre la m****. Il s’est vengé sur le groupe". "Pas de purge", répondait sur France 2 dans l'émission L'Evènement, Jean-Luc Mélenchon.
Nous ne sommes pas des fanzouzes
Comment se déroulent les réunions composées de pro-Mélenchon et de frondeurs ? "Quand ils en parlent, je sors mon téléphone et je joue à mon jeu préféré, assume un élu. Il y a une grande partie de gens nouveaux dans le mouvement qui s’en foutent".
Désormais, les frondeurs LFI veulent plancher sur l'après-Mélenchon, avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2027. "Les militants envisagent aussi la vie sans lui. LFI, ce n’est pas qu’un fanclub, nous ne sommes pas des fanzouzes", nous confie-t-on. Une question vite trancher par un mélenchoniste : "Vous pouvez ramener" tous les frondeurs, "ils ne rassembleront jamais autant que Jean-Luc Mélenchon".
Une situation qui impacte le mouvement, mais pas pour autant le groupe à l'Assemblée, nous explique-t-on. "Il y en a un tas de députés qui n'ont jamais parlé à Jean-Luc Mélenchon", ce qui préserve la dynamique de groupe, selon ce député. Et ce n'est pas pour déplaire à certains frondeurs qui rappellent que l'ex-candidat à la présidentielle est aussi un ancien député, désormais sans mandat. "S’il était là (à l'Assemblée, ndlr), il écraserait de sa puissance le groupe et il y aurait eu des effets de cour toxiques. Là, il y a de la place pour tout le monde".
Qu'en est-il justement du reste du groupe ? Direction les soutiens de Jean-Luc Mélenchon. Pour eux, pas de doute : l'Insoumis est incontournable. Ses propos sur l'affaire Quatennens ? "Ça a montré qu'il était humain", répond un élu qui a fait ses premiers pas à l'Assemblée en 2022. "Jean-Luc Mélenchon est une personne qui a beaucoup d'expérience, il nourrit encore beaucoup les travaux des députés", ajoute-t-il.
L'ancien candidat à la présidentielle bénéficie toujours d'une aura, tant auprès des députés que des sympathisants, assure une députée. "J'ai été élue parce qu'il y avait Jean-Luc Mélenchon sur l'affiche", avance-t-elle. Elle réfute les accusations selon lesquelles il serait omniprésent. "Je ne l'appelle pas pour savoir ce qu'il pense de telle ou telle chose. Je ne suis pas un pantin. Chaque critique a été entendue et des propositions ont été faites", a-t-elle ajouté. Quant aux frondeurs ? "Ce sont les plus médiatisés, donc c'est compliqué d'expliquer après qu'ils ont été mis de côté".
Des gens l’attendent comme un Zidane de la politique
Un parlementaire LFI
Un autre député assure à RTL s'être lancé en politique grâce à Jean-Luc Mélenchon. "Il n’est plus présent dans les instances représentatives, mais il garde une influence car il a un lien étroit avec beaucoup de figures de LFI. Il reste une référence pour beaucoup. Je suis venu pour Jean-Luc", raconte-t-il.
D'après un Insoumis, "ceux qui pensent que Mélenchon va partir à la retraite, ils peuvent allumer des cierges. Il va avoir un rôle central à jouer dans la suite de la gauche. Penser faire sans lui, c’est comme dans les années 80 dire on va faire sans Mitterrand. Le problème avec Mélenchon, c’est qu’on est dans un pays où on attend l’homme providentiel. L’erreur vient de là : des gens l’attendent comme un Zidane de la politique. S’il n’avait pas été là, je ne sais pas si je serai venu à la politique".
"Ce qui a fait notre force, c’est que chacun savait gérer ses batailles d’ego et/ou politiques", se désole un membre actif des campagnes présidentielles de Mélenchon. L'ancien candidat à la présidentielle qualifie la période comme étant une "énorme crise de croissance". Dans les faits, le groupe vit-il bien ? "Il ne faut pas mettre sous le tapis ce qui ne va pas. Il faut faire les choses sans que ça crée des fractures irrémédiables. Certains copains veulent être partout... Il y a des critiques que je ne considère pas légitimes et pertinentes. Mais le débat sur l’organisation du mouvement, lui, l'est".
L'ambiance est-elle tendue ? "Ça dépend des jours, nous répond un député réélu lors des législatives de 2022. Quand vous voyez des tribunes et des interviews sortir dans les médias (sur les tensions au sein de LFI, ndlr), ça consomme de l'énergie et du temps de cerveau disponible". "S’il y en a qui veulent avoir la confirmation qu’ils sont minoritaires en faisant des votes, ok... Tout ça, ce sont des pré-batailles en vue de 2027. C’est dommage et inapproprié du point de vue de la lutte", poursuit-il.
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