Le président Emmanuel Macron n'était pas dans la rue hier, lors de la marche contre l'antisémitisme. À la place, il a choisi d'adresser une lettre aux Français. Certains lui ont reproché.
Il faut rappeler qu'il est rare que le président descende dans la rue. Cela s'est fait deux fois : en 1990, François Mitterrand, après la profanation du cimetière de Carpentras. Puis François Hollande, en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, aux côtés de dirigeants venus du monde entier. Donc c'est plutôt exceptionnel.
Sur le fond, la lettre du président aux Français n'est évidemment pas contestable. Ses mots sont forts. Sur la forme, j'ai été un peu surprise : j'ai trouvé que c'était le service minimum. L'écrit n'a pas le même impact que l'oral. Une allocution donne plus d'émotion, de solennité.
L'écrit, ça met une distance. Emmanuel Macron a choisi le recul : où, si vous voulez, il a choisi d'être le président, sur la montagne, qui rappelle les commandements de la République : "Une France où nos concitoyens juifs ont peur n'est pas la France. Une France où des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n'est pas la France". Ça, c'est pour rappeler le principe de laïcité. Et "une vie vaut une vie" : cela concerne évidemment les Israéliens et les Palestiniens.
Emmanuel Macron est sans doute à la recherche du point d'équilibre. Peut-être qu'il se dit que sa parole, dans la situation que l'on vit, ne serait de toute façon jamais assez pour les Français juifs, et toujours trop pour ceux qui confondent les juifs et Israël.
Il
y a sans doute aussi la crainte chez le président de crisper
davantage. Le climat est très volatil, on voit des bagarres, des raids
punitifs à Melbourne, à New-York, à Montréal, à Londres...
En
prenant la parole trop directement, il a sans doute peur de souffler sur
les braises, peur d’entrainer la France dans ce type de processus violent. Je rappelle que chez nous, à la différence des pays que je
viens de citer, des manifs sont interdites ou très encadrées.
Pour finir, peut-être aussi qu’Emmanuel Macron craint d’être pris à partie par ceux
qui n’apprécient pas son « et en même temps » sur ce sujet éruptif. Par ailleurs, à l’Élysée, on regarde ce que disent les enquêtes d’opinion
sur l’antisémitisme. Pour 80 % de la population française, ce n’est
pas une question. Cela ne veut pas dire que ce qui se passe n’est pas
grave. Mais
quand vous demandez aux français – IPSOS l’a fait pour la Commission
nationale consultative des droits de l’homme – si les juifs sont des «
français comme les autres ». Ils répondent oui à 89%.
Ce qui est important, c'est ce qui s'est passé dans la rue. La présence du président est purement symbolique. Un symbole fort, certes, mais le plus important c'est la mobilisation. Une mobilisation très réussie. Pas massive, mais importante. Les cortèges étaient fournis, mais surtout calmes, dignes, sans excités. La mobilisation a dépassé les espoirs, compte tenu de toutes les manœuvres politiciennes qui ont dû en décourager quelques-uns.
Alors
bien sûr, il faudra plus qu’une manif pour réconcilier les Français,
mais toutes les démonstrations d’unité sont toujours les bienvenues. Ne serait-ce que pour faire mentir ceux qui frayent dans les égouts de notre société.
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