Si ce n'était que l'idée de sortir l'écologie du "ghetto bobo", Camille Étienne aurait raison. Car l'écologie, ce ne sont pas ceux qui ont fait des études, et qui vivent dans des appartements en ville qui en parlent le mieux. L'idée qu'il faut parler à tout le monde se défend également. Le problème réside dans la manière qu'elle a de formuler son propos.
Camille Étienne fait en effet le lien entre la planète et le vote Le Pen : "Il faut sortir l'écologie des beaux quartiers et aller parler dans les territoires ruraux, aller parler aux agriculteurs et aux retraités qui votent majoritairement à l'extrême droite", dit-elle. Or, elle se trompe, car tout d'abord, les retraités sont ceux qui ont le moins voté Le Pen.
Quant aux agriculteurs, certes, ils ne votent pas beaucoup à gauche, ni Mélenchon, ni Jadot, mais à la dernière présidentielle, ils ont voté à 30% pour Emmanuel Macron. C'est davantage que l'ensemble des Français. On constate aussi qu'ils ont voté à 10% pour Marine Le Pen et 10% pour Éric Zemmour.
Camille Étienne est donc un peu hors sujet sur ce terrain. Et c'est vexant. De quoi faire sortir de ses gonds notre confrère et écrivain Jean-Paul Pelras, ancien syndicaliste agricole, amoureux des terres catalanes et du Roussillon, qui ne s'est pas gêné pour réagir dans les colonnes du Point. "La stigmatisation du monde paysan et de la ruralité qui en prennent plein la gueule sur les plateaux télé a assez duré", tance-t-il.
Camille Étienne écrit un livre dans lequel elle déclare qu'on ne réussira pas si on n'embarque pas tout le monde. C'est parfait. Mais si l'on commence à caricaturer, on n'embarque personne.