Concernant le "grand ministère de la ruralité", Joël Giraud appréciera puisqu'il est ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales depuis 2020. Nous ne serions trop vous conseiller la savoureuse "Pause Rurale" qui fait les délices de Twitter. Mais au RN, on vous répondra que c'est justement parce que c'est une coquille vide qu'il faut créer un grand ministère du monde rural.
Ce qui est sûr, c'est qu'on voit bien un glissement chez Emmanuel Macron et Marine Le Pen d'un programme pour l'agriculture qui dérive vers un programme pour la ruralité. Emmanuel Macron veut demander aux jeunes diplômés de facs de médecine de débuter leurs carrières à la campagne dans les déserts médicaux.
Mais l'agriculture ne va-t-elle pas sans la ruralité ? Sauf que la ruralité n'est pas le monde agricole. C'est même un distingo très politique. Il y a eu un sondage avant le premier tour, réalisé par l'Ifop qui montrait qu'un tiers des agriculteurs allaient voter Emmanuel Macron. Notamment parce qu'il a revalorisé les retraites agricoles à 1.035 euros au lieu de 855 en moyenne ce qui était réclamé depuis 25 ans.
Mais le vote rural, celui de ceux qui habitent loin des grandes villes et qui vont y travailler, les ruraux ou les "rurbains" (qui utilisent la voiture pour aller travailler) ont voté Marine Le Pen au premier tour. Elle est arrivée en tête dans huit des 15 départements les moins peuplés du pays. Mais il ne s'agissait pas forcément d'agriculteurs. Vous avez un vote paysan et un vote gilets jaunes.
Les agriculteurs votaient à droite avant, non ? Vrai, jusqu'à Jacques Chirac. Après ça s'est un peu éparpillé. On en retrouve beaucoup chez Macron mais la thématique sécuritaire, les vols de voitures, d'animaux, de câbles électriques à la campagne ont aussi rapproché certains électeurs du RN.
Quelle est la différence majeure entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur les campagnes ? On va dire que la candidate RN est plutôt tournée vers une agriculture plus traditionnelle, avec le thème qu'elle laboure depuis le début : le pouvoir d'achat des agriculteurs et des consommateurs. Emmanuel Macron vend, lui, l'idée d'une troisième révolution agricole plus technologique. Il s'appuie aussi sur un bilan qui est plutôt bon notamment grâce à un ministre, Julien Denormandie qui bénéficie d'une très bonne image.
Marine Le Pen veut-elle toujours sortir de la Politique Agricole Commune (PAC) ? Elle a bien compris que les agriculteurs vivent aujourd'hui grâce aux aides de l'Europe. Donc elle veut ajouter des aides nationales à celles de l'Europe pour améliorer la rémunération des exploitants.
Elle égratigne quand même l'Europe en proposant de sortir les produits agricoles des traités de libre-échange : pas de veaux aux hormones ou de poulet à la javel (de vieux exemples qui ont marqué les esprits). Elle ne supprime pas le glyphosate, freine sur le développement de l'agriculture bio en estimant que 25% de surfaces en 2030, c'est trop rapide et pas forcément nécessaire.
Et elle milite pour qu'on exploite les 4% de jachère qui sont inexploitées pour faire reposer les sols. Elle veut aussi protéger la sécurité alimentaire en empêchant qu'on importe des produits bio de l'étranger qui ne respectent pas les mêmes règles que nous et elle souhaite 80% de nourriture bio et locale à la cantine.
Emmanuel Macron mise-t-il sur le renouvèlement des générations ? En effet. Il souhaite que les startups travaillent avec les fermes pour mettre au point une nouvelle façon de produire en s'appuyant sur l'intelligence artificielle, les machines autonomes.
Il veut aussi créer des vocations pour renouveler les générations. On compte actuellement 400.000 exploitants, c'est quatre fois moins qu'il y a 40 ans. Son objectif est d'atteindre 20.000 installations par an au lieu de 14.000 actuellement en s'appuyant sur les lycées agricoles et en réinstallant des vétérinaires.
La bataille de l'agriculture, c'est aussi la bataille de l'alimentation, c'est devenu une évidence avec la crise des céréales au moment de la guerre en Ukraine. Plus globalement, il y a un fossé qui n'est pas vraiment appréhendé par les candidats : aujourd'hui, le monde agricole se fracture entre des céréaliers qui profitent de l'envolée des cours mondiaux pour gagner beaucoup d'argent et des éleveurs qui sont victimes de cette flambée.
Un paradoxe n'est pas soulevé : la France exporte des céréales de très bonne qualité mais importent des productions moins bonnes mais surtout moins chères pour nourrir les animaux. Sur la nourriture dans nos assiettes, les deux candidats sont assez proches : 80% de produits bio à la cantine pour Marine Le Pen contre 50% d'ici la fin de cette année avec les programmes mis en place par le Président sortant.
La volonté d'obliger la grande distribution a mieux payer les agriculteurs français chez Marine Le Pen et une loi Egalim 2 qui permet déjà de garantir un peu mieux les revenus des producteurs qui vendent leur viande, leur lait ou leurs œufs.
Marine Le Pen veut aussi un panier de produits alimentaires avec une TVA à 0%. Là, c'est interdit pour l'instant au niveau européen. Cela nécessitera de négocier pendant de longs mois avec nos partenaires sans être certain d'y parvenir. Ce n'est, en tout cas, pas une réponse pour la crise actuelle et la hausse des prix.
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