En France les protectionnistes sont très embêtés par les sorties de Donald Trump sur les droits de douane. Ils n’en pensent pas moins, mais ça ils ne peuvent le dire… !
Le 7 avril 2025, Jordan Bardella était dans ce studio face aux micros de RTL, et il fallait le voir se tortiller lorsqu'on l'a interrogé sur la question du protectionnisme.
Jordan Bardella a donc dénoncé "la méthode brutale et hasardeuse" du président américain, tout en appelant à mettre fin, "à la naïveté commerciale dans laquelle l’Europe est plongée depuis des années". Ce qui est précisément… la rhétorique de Donald Trump. Car oui, depuis toujours, Marine Le Pen, comme d’ailleurs son père avant elle, défend le protectionnisme, un protectionnisme "intelligent", dit-elle, mais la différence est parfois difficile à saisir.
C’est un exercice d’équilibriste, mais à sa décharge, Jordan Bardella n’est pas le seul à être embarrassé. Jean-Luc Mélenchon, dénonce lui aussi le caractère "brutal" (tiens, c'est le même mot que Jordan Bardella) de Donald Trump. Tout en défendant, dans son blog, son projet de protectionnisme qu’il qualifie lui de "solidaire", à chacun son adjectif.
Jean-Luc Mélenchon, donc, se contorsionne lui aussi. Il prône à propos des droits de douane – toujours dans son blog – une approche de "retour au bilatéralisme"… ce qui est précisément la méthode trumpiste du "deal". Ah, c'est compliqué de se démarquer...
Dans le même registre, on a entendu aussi Sandrine Rousseau affirmer que cela allait être "affreux", son mot pour les classes populaires américaines qui consomment beaucoup de produits importés bon marché. Ce qui est exact. Sauf que Sandrine Rousseau, quasiment dans la même phrase, accable la "mondialisation libérale". Ah la souplesse que cela demande, cette époque trumpiste… Surtout en France.
C’est une vieille affliction française, notamment depuis Colbert et Napoléon, grands protectionnistes. Et cela demeure : les sondages d’opinion montrent régulièrement que les Français sont plus hostiles au libre échange que leurs voisins européens. Ce populisme-là est tenace chez nous.
Même Emmanuel Macron, qui était l’un des seuls il y a quelques années à défendre les accords de libre échange, a commencé à y céder, on l’a vu sur le Mercosur. On verra si les folies de Donald Trump finissent par vacciner les protectionnistes français contre ce que Balzac appelait "le secours trompeur et honteux des tarifs douaniers".
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