ÉDITO - "Donald Trump, c’est l’affairisme au pouvoir", dénonce Étienne Gernelle

Donald Trump est attendu ce mardi 13 mai en Arabie Saoudite pour la première étape de sa tournée au Moyen-Orient. Il y sera bien sûr question du conflit entre Israël et le Hamas, mais où les affaires ne seront jamais loin.

Donald Trump, c’est l’affairisme au pouvoir. Alors oui, pour cette tournée, il ne parle que de faire des "deals", il emmène avec lui une flopée de patrons américains, mais ça, c’est normal, c’est le travail d’un président d’être le VRP de son pays. Le problème, c’est le mélange des genres entre les affaires de son pays et les siennes, ou celles de sa famille. 

On vient d'ailleurs de basculer dans une caricature : Donald Trump est prêt à accepter un "cadeau" hallucinant du Qatar : un jet, un 747 destiné à remplacer Air Force One le temps qu’un autre soit construit, et qui irait après son mandat à ce qu’il appelle sa "librairie", en fait sa fondation.

Comment Trump a franchi une frontière avec ses agissements ?

C’est fou. Mais Donald Trump assume, en disant que "seule une personne stupide refuserait". Une frontière a été franchie. Durant son premier mandat, Donald Trump faisait en sorte de dormir dans ses hôtels lors de ses déplacements pour obliger le secret service – les hommes qui le protègent – à le payer indirectement. 

La famille Trump, après dans la foulée d’une première tournée diplomatique dans la région, avait investi dans des projets de golf au Qatar ou d’immobilier en Arabie Saoudite, laquelle mis de l’argent dans un fonds d’investissement de sa famille.

Et là, tout devient fou : Donald Trump Jr, son fils, a lancé un club très select, l’Executive Branch, dont le ticket d’entrée vaut un demi million de dollars. Pour sa cérémonie d’investiture, 239 millions de dollars ont été levés auprès de personnes et entreprises privées.

Pourquoi le clan Trump développe de tels projets ?

En 2024, la famille Trump a lancé sa société de cryptomonnaies, ainsi qu'un "memecoin" à l’effigie de Donald Trump. Qui achète et pourquoi ? La liste est trop longue de ces conflits d’intérêt, je pourrais tenir une heure comme cela.

On peut se demander s'il y a des contrôles ou des contre pouvoirs à ces projets. Car Donald Trump en démantèle beaucoup. Il a suspendu la loi sur la corruption des agents étrangers. Suspendu, aussi, l’application d’une loi sur la transparence des investissements, le corporate transparency act. Le département du Trésor a aussi mis le frein sur les investigations sur les cryptomonnaies.

Anne Applebaum, historienne, essayiste et véritable figure intellectuelle américaine, a dénoncé dans le journal The Atlantic un "niveau de conflits d’intérêt et de corruption inédit dans l’histoire américaine". Cette tournée au Moyen-Orient, c’est aussi la fête du dollar.

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