Rien ne vaut de se plonger dans les coulisses du géant américain pour le comprendre. C’est ce qu’a fait pendant quelques heures cette ancienne ingénieure chez Facebook, aujourd’hui
lanceuse d’alerte. Une plongée effrayante dans la boîte noire mais indispensable, car jusque-là, l’Europe comme la France n’ont pas su comment réguler ces géants sans attaquer la liberté d’expression, un pilier de la démocratie.
Frances Haugen révèle que Facebook choisit sciemment, comme tous les autres réseaux sociaux, de ne rien contrôler pour ne pas attaquer un dollar de sa super-rentabilité. L’algorithme, c’est-à-dire le programme qui choisit ce que vous voyez et qui vous suggère de voir d’autres vidéos ou d’autres messages, choisit toujours le contenu le plus clivant et le plus violent, a-t-elle déclaré.
Pourquoi ? Parce que c’est le plus partagé et c’est celui qui va vous faire revenir le plus souvent et qui vous fera voir le plus de pub. C’est le business avant tout. En politique, cela favorise les messages des extrêmes. Les paroles modérées deviennent invisibles. Une fausse info se diffuse 7 fois plus qu’une vraie info.
Jusque-là, l’idée était de contrôler les messages à la source et demander aux réseaux sociaux de censurer ce qui est violent, haineux et dangereux. Le problème, c’est qu’ils ne le font pas, ou très mal et que cela donne à Facebook, Twitter et les autres, un pouvoir démesuré. Nous l’avons vu avec le bannissement de Donald Trump de ces plateformes. La liberté d’expression est un droit fondamental.
Aujourd’hui, il y a une autre approche encore difficile à formuler : s’attaquer non pas aux contenus mais à leurs modes de propagation, les fameux algorithmes. Non seulement ils favorisent le pire mais en plus, ils vous enferment dans des bulles et le phénomène est encore amplifié par les groupes sur Facebook. Consommez des vidéos complotistes contre la vaccination par exemple et Youtube ne vous propose plus que des vidéos complotistes.
L’une des pistes contre ces phénomènes est la transparence des algorithmes, ou encore l’interdiction de certaines techniques de profilage qui permettent de cibler chaque personne en fonction de tout ce que l’on sait sur elle.
Les députés français ont essayé de s'y attaquer, ils ont échoué. L’Europe a commencé avec la protection des données personnelles, elle veut continuer avec un nouveau règlement sur les services numériques. Ce chantier-là pourrait aboutir à la fin de la présidence française de l’Union européenne en juin prochain, c’est-à-dire après l’élection présidentielle.
2022 sera donc encore sous l’influence de réseaux sociaux hors de contrôle. Des espaces de libertés indispensables et en même temps, les espaces des pires manipulations et des pires influences.
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