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Gérald Darmanin, le 12 août 2020
Crédit : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Un hyperministre omniprésent, place Beauvau. L'été a été studieux pour Gérald Darmanin qui a pris à bras-le-corps ses nouvelles fonctions à la tête du ministère de l'Intérieur. S'inscrivant dans les pas de Nicolas Sarkozy qui a occupé le même poste de 2005 à 2007, le maire de Tourcoing a multiplié les déplacements tout au long de l'été pour couvrir un maximum de terrain politique.
Primes chez les pompiers, violences policières, migrants, crise du coronavirus, incendie sur le littoral près de Marseille, faits divers... Aucun sujet n'a échappé au successeur de Christophe Castaner.
En plus de ses nombreux déplacements et de la publication régulière et à un rythme soutenu de tweets, Gérald Darmanin a aussi eu recours à la stratégie de la petite phrase. Retour sur un été marqué par une campagne de terrain et plusieurs polémiques.
Fin juillet, le ministre de l'Intérieur a accompagné Jean Castex à Nice lors d'un déplacement sur le thème de l'insécurité. Quelques jours plus tôt, des tirs ont éclaté en plein jour devant un supermarché de la ville, sous les regards ébahis des passants. Alors que le Premier ministre évoquait une visite devant aboutir sur des "annonces concrètes" pour lutter contre des actes "profondément inadmissibles", Gérald Darmanin assurait dans Le Figaro : "Nous assistons à une crise de l'autorité. Il faut stopper l'ensauvagement d'une certaine partie de la société. Il faut réaffirmer l'autorité de l'État, et ne rien laisser passer".
Le mot "ensauvagement", employé dans la rhétorique de l'extrême droite, n'a pas manqué de faire réagir. Certains députés de la majorité, comme Sacha Houlié, élu de la Vienne ou encore Rémy Rebeyrotte, élu de Saône-et-Loire, ont dénoncé ces propos.
Au gouvernement aussi, ce mot a créé des remous. Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a confié sur BFMTV ne pas être "à l’aise avec ce terme". La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili mettait en garde son collègue. Un gouvernement "doit rassembler tous les Français" et non pas les "monter les uns contre les autres".
Sur les violences policières, le ministre de l'Intérieur a réfuté, comme ses prédécesseurs, le terme de "violences policières", devant la commission des lois de l'Assemblée nationale. Là encore, le maire de Tourcoing a déclenché la polémique : "Quand j'entends le mot 'violences policières' personnellement je m'étouffe". Une phrase perçue comme une provocation par l'opposition, après le décès de Cédric Chouviat.
Quelques jours plus tard, rebelote mais sur un autre sujet : l'affaire judiciaire qui le concerne. Visé par une accusation de viol, le ministre avait déclaré dans un entretien au Point : "La victime dans cette histoire, c'est moi. C'est moi dont on salit le nom. C'est à moi qu'on prête des comportements que je n'ai jamais eus", déclare le ministre de l'Intérieur dans un entretien au Point, mis en ligne mercredi.
Le ministre est aussi monté au créneau sur de nombreux faits divers. À Besançon, une adolescente musulmane a été tondue et frappée pour avoir fréquenté un chrétien. Ses parents, son oncle et sa tante "seront reconduits à la frontière car ils n'ont rien à faire sur le sol national", a assuré Gérald Darmanin sur Twitter. L'entourage du ministre a précisé à l'AFP que les quatre mis en cause seront concernés par cette mesure d'expulsion.
Dernier élément en date : Gérald Darmanin a dénoncé "la sauvagerie de certains délinquants" après les violences qui ont émaillé la capitale lors de la défaite du PSG face au Bayern en finale de la Ligue des Champions.
Selon Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique, interrogé par L'Obs, Gérald Darmanin chasse sur les terres de la droite. "Gérald Darmanin a été nommé ministre de l’Intérieur pour une raison : occuper le terrain face à la montée potentielle de la droite, et être l’arme face à une poussée d’un Xavier Bertrand, d’un François Baroin ou encore d’une Valérie Pécresse. Car Emmanuel Macron a compris une chose : en 2022, pour la prochaine élection présidentielle, le match va se jouer à droite", explique-t-il.
En s'exposant médiatiquement en première ligne, l'ancien membre des Républicains veut éviter à Emmanuel Macron de devoir intervenir sur ces sujets. "Faire monter les thèses du Rassemblement national puis revenir rapidement sur des bases républicaines, voilà la stratégie d’Emmanuel Macron", ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
Le ministre de l'Intérieur assume. Dans Le Figaro, il explique : "Faire du Nicolas Sarkozy, c’est déjà beaucoup ! D’autres disent que je fais du Valls. J’ai ma propre personnalité. Peut-être que mon langage chauffe les oreilles des bien-pensants du Vème arrondissement de Paris, mais moi je parle français, et quand il s’agit d’un délinquant, il convient de l’appeler délinquant. La France est malade de son insécurité et la première chose est de mettre des mots sur la maladie".
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