Il s'exprimera lundi 13 avril à 20 heures. Emmanuel Macron revient au premier plan, alors que l’on a beaucoup vu Édouard Philippe ces derniers jours. Entre le Président et le Premier ministre : est-ce que chacun a trouvé son rythme et son rôle ?
Le duo fonctionne comme depuis le premier jour du quinquennat. Il n’y a pas de friction palpable. Il y a bien eu des tensions, des moments compliqués, mais aucun des deux ne les a laissé apparaître. C’est dans les entourages que c'est perceptible. Dans la crise du coronavirus, le pas de deux est maintenant presque synchronisé.
Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des écoles, puis le début du confinement.
Édouard Philippe a annoncé la fermeture des restaurants et des cafés. Il y a bien eu des cafouillages de ministres en particulier dans les premiers jours. Mais la communication du gouvernement a été centralisée depuis à Matignon chez Édouard Philippe. Toute intervention est soumise à autorisation. Le résultat se voit : il y a beaucoup moins de ministres qui racontent des bêtises.
Un conseiller du chef de l’État résume les choses : "au Président la supervision, l’impulsion et l’accompagnement des français, au Premier ministre, la gestion opérationnelle de la crise". Concrètement, Édouard Philippe fait les choix quotidiens et beaucoup de pédagogie. Ses passages à l’Assemblée et à la télévision ont permis d’éclaircir pas mal de décisions.
Après les hésitations du début, le Premier ministre a adopté une vraie communication de crise. C’est-à-dire de l’humilité : considérer qu’aucune question n’est idiote, expliquer ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas. Et dans cette pandémie, nous le découvrons encore tous les jours : il y a plein de chose que l’on ne sait pas.
Édouard Philippe balaye tous les sujets jusqu’à parler du déconfinement - ce moment que nous aimerions envisager - juste pour avoir un horizon. Ce qui est très intéressant c’est que ceux qui estiment que c’est beaucoup trop tôt pour parler de déconfinement, sont des proches d’Emmanuel Macron. À leurs yeux, les grands moments doivent probablement rester l’exclusivité du Président.
Édouard Philippe a pris de l’avance ces deux dernières semaines : ses longues explications n’ont pas levé tous les doutes, ni les peurs. Mais elles ont fini par stopper la montée de la défiance contre l’exécutif.
Emmanuel Macron, dans son rôle de chef de guerre, a été moins convaincant. Ses discours sont beaucoup trop longs : "Avec trop d’emphases et pas assez d’empathie", juge sévèrement un ancien ministre. Pour un stratège en communication : "Emmanuel Macron a été la caricature de la communication verticale. Jouer à Clemenceau ou faire du pseudo-De Gaulle, ce n’est pas possible aujourd’hui, nous sommes en 2020."
Ce qui est plus étonnant encore, ce sont les sorties d’Emmanuel Macron. Au rythme de 2 ou 3 par semaines. Tout le monde observe bien le côté "le Général rend visite à ses troupes dans la guerre contre le virus" mais la finalité est souvent brouillonne. Avant-hier, en Seine Saint Denis, Emmanuel Macron s’est essayé au mini bain de foule à distance en provoquant un attroupement. De quoi ruiner tous les messages de préventions. Lundi soir à 20 heures, ça fait partie de tout ce que devra faire oublier Emmanuel Macron.