Il n’oubliera jamais. Comme tous ceux qui étaient à Nice ce soir-là, sur la promenade des Anglais, Christian Estrosi vit avec le souvenir de ce cauchemar éveillé. Il y a un avant et un après. Le mal est indicible. Ce n'est qu’un an plus tard qu’il a raconté dans le détail au Parisien comment il avait vécu cette nuit-là.
Nous sommes donc en pleine fête nationale. Il est environ 23 heures, le feu d’artifice est terminé… Monsieur le Maire quitte la promenade et passe devant le restaurant La Petite Maison, une institution niçoise, le rendez-vous des stars et des politiques. D’ailleurs ce soir-là, on y croise Bono, le chanteur du groupe U2, Éric Dupond-Moretti et le chef Alain Ducasse.
Soudain, raconte Christian Estrosi au quotidien, il est emporté par un mouvement de foule, une vague humaine qui vient de la Promenade des Anglais… Son téléphone sonne, c’est sa conseillère sécurité. Tout est dit en une phrase : "Un camion fait un ravage sur la Prom."
Comment expliquer l'inexplicable, l'injustifiable ?
Christian Estrosi
Aussitôt l’officier de sécurité l’exfiltre vers la mairie. Nouvel appel : "Le conducteur vient d’être abattu"... Le maire se met en contact avec le centre de vidéosurveillance, et découvre presque en direct les 4 minutes 30 de carnage. Un coup de fil au préfet, à sa compagne, à ses enfants… Et puis il fonce sur la promenade. "J’ai besoin de me rendre compte", dit-il.
Sur place, le GIPN lui demande d’abord de mettre les mains en l’air. Vérification d’identité. Ensuite seulement, il découvre l’ampleur du drame. "Je suis projeté dans une scène de guerre, dit-il. Je vois ma promenade, ma ville, jonchée de cadavres. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le silence. Un silence absolu. J’ai appris ce jour-là ce que voulait dire un silence de mort."
C’est le début d’une nuit infernale. L’élu fait ce qu’il peut : il organise l’accueil des familles, il leur parle… Il les serre dans ses bras. "En tant que maire, dit-il, on voudrait absorber tout le malheur. Mais comment expliquer l'inexplicable, l'injustifiable ?"
Comme souvent, le silence de mort est vite envahi par le vacarme de la polémique. Après l’attentat contre Charlie Hebdo, Christian Estrosi n’avait pas hésité à critiquer la politique d’Anne Hidalgo : "Si Paris avait été équipée du même réseau de caméras que le nôtre, disait-il, les frères Kouachi n’auraient pas passé trois carrefours sans être neutralisés et interpellés".
Or le camion utilisé pour l'attentat de Nice a été filmé 11 fois en trois jours sur la promenade des Anglais, sans que la police municipale intervienne. L’élu sécuritaire est pris en défaut dans sa propre ville, et de façon tragique. Pour se défendre, il attaque, il accuse l’État qui aurait sous-estimé le danger et ne lui aurait pas donné les moyens d’assurer un périmètre de sécurité étanche. L’enquête sur d’éventuelles failles est toujours en cours.
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