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La ministre de la Culture Rachida Dati sur le plateau du "12.45" de M6, le 20 octobre 2025.
Crédit : M6
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Un nouveau front judiciaire s’ouvre pour Rachida Dati. Les domiciles de Rachida Dati, la mairie du 7e arrondissement de Paris qu'elle dirige, et le ministère de la Culture ont été perquisitionnés dans le cadre d'une enquête pour "corruption", selon une source proche du dossier à RTL, confirmant une information de France Télévisions.
Les opérations ont été confiées aux policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Elles visent à déterminer si la ministre de la Culture a été rémunérée par GDF Suez en 2010 et 2011, alors qu’elle exerçait simultanément comme députée européenne et avocate. Une situation qui, si elle était avérée, constituerait une infraction pénale, un élu européen n’étant pas autorisé à défendre les intérêts d’un groupe privé. Rachida Dati a toujours nié avoir le groupe GDF Suez comme client dans ses activités d'avocate.
Selon un Complément d’enquête de France 2 et le Nouvel Obs, le Parquet national financier a saisi deux juges d’instruction pour faire la lumière sur la nature exacte des liens financiers entre l’ancienne eurodéputée et le groupe gazier.
Selon les révélations de Complément d'enquête et du Nouvel Obs, une information judiciaire a été ouverte le 14 octobre par le Parquet national financier (PNF) pour "corruption active et passive", "trafic d’influence auprès d’une organisation internationale publique", "abus de bien social et abus de confiance", "détournement de fonds publics par une personne investie d’un mandat public", ainsi que "recel et blanchiment" de ces délits. Une enquête restée jusqu’ici secrète, révélée seulement ce jeudi 18 décembre.
Les magistrats se sont notamment penchés sur les activités d’avocate de Rachida Dati, qu’elle a exercées parallèlement à ses mandats européens entre 2009 et 2019, période durant laquelle elle s’est illustrée par des prises de position favorables au secteur gazier.
Au centre du dossier a figuré un montant précis. En juin dernier, le Complément d’enquête et le Nouvel Obs ont révélé des documents comptables issus d’un cabinet d’avocats d’affaires liquidé en 2019. Ceux-ci font apparaître deux virements de 149.500 euros chacun, effectués par GDF Suez en juillet 2010 et février 2011.
Quelques semaines plus tard, ces mêmes sommes auraient été reversées à Rachida Dati, avec la mention explicite "Dati honoraires GDF Suez", pour un total de 299.000 euros. À la suite de ces révélations, l'entreprise spécialisée dans la transition énergétique Engie a diligenté une enquête interne.
Selon les premières conclusions de son comité d’éthique, les paiements effectués par GDF Suez ont bien été "retrouvés" dans la comptabilité du groupe. Les enquêteurs de l’OCLCIFF cherchent désormais à établir les traces matérielles de ces flux financiers et à démontrer leur finalité.
Rachida Dati a toujours nié tout lien contractuel avec GDF Suez. En 2014, sur le plateau de France 2, elle affirmait n’avoir "aucun conflit d’intérêt, sinon ça se saurait". La même année, puis en 2015, elle assurait face à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV que "GDF n’est pas [son] client".
Elle avait également refusé de répondre aux questions d’Élise Lucet dans l'émission Cash Investigation diffusée par France Télévisions, avant de vivement s’en prendre au journaliste Patrick Cohen en juin dernier dans C à vous. Alors députée européenne, elle avait fait constater un état de "choc émotionnel" après les questions de la journaliste.
Déjà interrogée à deux reprises par des juges d’instruction en 2020 et 2021 dans le cadre de l’affaire Renault, elle avait répété que le géant gazier n’avait jamais été son client.
Les enquêteurs du parquet national financier (PNF) se sont également aux liens entre Rachida Dati et Nicolas Sarkis, homme d’affaires basé à Londres et spécialisé dans le secteur énergétique. Selon des déclarations révélées par le Nouvel Obs, ce dernier a affirmé avoir versé 100.000 euros par an à la ministre entre 2010 et 2018 pour des prestations de conseil juridique, soit près de 900.000 euros. Une note de Tracfin, rédigée en février 2025, mentionnerait par ailleurs de nouveaux paiements en 2022 et 2023, pour un montant total de 50.000 euros.
Les magistrats ont également soupçonné Rachida Dati d’avoir mené des missions pour le compte du Qatar, parallèlement à son mandat européen, afin de présenter l’émirat sous un jour favorable auprès des autorités françaises, européennes ou des médias.
Ce nouvel épisode judiciaire est intervenue dans un contexte particulièrement sensible. Candidate déclarée à la mairie de Paris, Rachida Dati sera jugée du 16 au 28 septembre 2026 devant le tribunal correctionnel de Paris, aux côtés de Carlos Ghosn, pour "corruption" et "trafic d’influence" dans l’affaire Renault.
Dans ce dossier, l'actuelle ministre de la Culture et l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan continuent de contester toutes les accusations du PNF. Sur RTL, Carlos Ghosn avait expliqué que toutes ses "demandes d'accès au dossier" lui ont été "refusées". Il estimait également que "le bénéficiaire du supposé crime, c'est l'entreprise".
Au moment de la publication de cet article, ses avocats n’avaient pas encore réagi aux perquisitions en cours.
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