François Bayrou s'est longuement défendu ce mercredi 14 mai à l'Assemblée nationale devant la commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire dirigée par Paul Vannier (LFI) et Violette Spilebout (Renaissance).
Accusé d'avoir menti dans l'affaire Bétharram, le chef du gouvernement a campé sur ses positions face aux interrogations des corapporteurs de la commission d'enquête.
Le Premier ministre a commencé par prêter serment de ne dire que la vérité, avant de se réjouir de la tenue de cette commission parlementaire. "Je veux exprimer beaucoup de reconnaissance à ceux qui tous seuls au début" ont permis ces révélations, a-t-il commencé. "Si ma présence comme cible politique a permis que ces faits apparaissent, ce 'Metoo' de l'enfance aura été utile", a-t-il ajouté.
Débute ensuite un échange tendu entre le chef du gouvernement et Paul Vannier, qui l'interroge sur ce qu'il savait des violences à Bétharram. "Il y a eu 25 ans de silence absolu et tout ce que je savais, je l'ai su par la presse. (…) Je maintiens que je n'ai eu pas d'autres informations, comme ministre de l'Éducation nationale (…) que par la presse et je n'ai bénéficié d'aucune info privilégiée", a insisté François Bayrou, qui avait déjà été questionné à ce sujet pendant une séance de questions au gouvernement.
"Je maintiens que les seules informations que j'ai eues étaient dans le journal, je n'en ai pas eu d'autres", a-t-il martelé.
L'affaire Bétharram est arrivée sur le devant de la scène médiatique à travers les révélations de Mediapart. Le Premier ministre avait par ailleurs menacé de porter plainte pour diffamation avant d'enterrer cette idée. "Mon intention était de porter plainte contre les organes de presse qui avaient annoncé que j'avais donné un million d'euros à Bétharram cette année-là. (…) C'était faux, j'avais l'intention de porter plainte et je m'étais dit que chaque fois, dans ces affaires, on porte plainte pour diffamation, on sert ceux qui essaient de porter le scandale", s'est-il justifié.
"Je considère qu'il y a dans Mediapart beaucoup de déformation de la réalité et beaucoup de diffamation", a-t-il asséné. "Par hygiène mentale, je ne me plie pas aux ordres de Mediapart, comme d'ailleurs d'aucun autre journal."
François Bayrou a par la suite accusé le corapporteur de vouloir "nourrir un procès en scandale", le traitant notamment de "menteur". "Monsieur Vannier, j'ai déjà décrit votre méthode qui consiste à essayer de tirer la réalité pour nourrir un procès en scandale. Cette méthode, si je peux, je ne la laisserai pas prospérer", a-t-il fustigé, gardant un ton offensif.
Toujours questionné sur la première fois où il était confronté au scandale par des députés, en février 2025, il maintient encore qu'il n'était pas au courant. "Je vous assure que Bétharram n'a jamais paru dans l'actualité, ni dans ma préoccupation, sur les 25 dernières années. La question sur laquelle vous devriez vous pencher, c'est pourquoi sur les 25 dernières années personne n'a rien dit", contre-attaque le Premier ministre.
Alors que le dialogue entre François Bayrou et la commission se crispe, La présidente de la commission Fatiha Keloua Hachi rappelle à l'ordre le Premier ministre. "Il faut prendre le pli et répondre à la question qu'on vous a posé", lui demande-t-elle. Réponse du chef du gouvernement : "Je ne laisserai pas prospérer la méthode du rapporteur (…) Je répète que vos affirmations sont biaisées".
François Bayrou demande la projection d'un extrait d'une audition de l'enseignante à Notre-Dame-de-Bétharram Françoise Gulling. Refus catégorique de la présidente de la commission qui dénonce le fait que cette demande n'était pas dans la liste des pièces diffusables envoyées par François Bayrou. Le Premier ministre remet alors en cause la légitimité de la commission. "Je n’ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective".
"C'est une commission d'enquête, le but est de contrôler l'État et l'action de l'État. Nous sommes dans nos prérogatives en vous interrogeant", rappelle la présidente de la commission.
L'ambiance est devenue électrique à l'Assemblée nationale lorsque l'audition de Françoise Gulling a été évoquée. Paul Vannier rappelle que l'enseignante a assuré avoir alerté à deux reprises François Bayrou au sujet des violences à Bétharram, en janvier et mars 1995.
Après avoir remis en question l'objectivité de la commission d'enquête parlementaire, François Bayrou a encore insisté pour diffuser l'extrait de l'audition sous serment de la professeure de mathématiques, en vain. "Je mets en doute ceux qui rédigent" les comptes-rendus "et ceux qui contrôlent" l'action du gouvernement, a-t-il lancé, s'attaquant aux fonctionnaires de l'Assemblée nationale et aux membres de la commission d'enquête.
Le chef du gouvernement s'est ensuite contenté de lire une retranscription de l'extrait vidéo qu'il souhaitait diffuser. Et de conclure que l'audition de l'ancienne enseignante est "une affabulation sous serment". "Le témoignage principal sur lequel est fondé les diffamations et insinuations dont je suis l'objet est impossible, il est fallacieux."
L'audition s'est ensuite penchée sur le rapport académique diligenté par "un inspecteur seul". Une inspection "très superficielle", dénonce Violette Spillebout, qui rappelle que les conclusions ont été rendues en seulement trois jours. Elle demande alors au Premier ministre : "Pourquoi ce choix de demander au recteur de diligenter une inspection au niveau académique" et non au niveau national.
L'inspecteur "a entendu 20 personnes, 19 peut-être, entre 9h30 et 18h à Bétharram", explique François Bayrou. "Je trouve que c'est une vraie vérification", défend-il. Le Premier ministre avait déclaré le 15 février dernier se souvenir avoir demandé cette inspection mais n'avoir aucune trace jusqu'à la parution de ce rapport dans Le Figaro il y a quelques semaines. "Vous affirmez avoir commandé un rapport mais n'avoir obtenu ni vérifié qu'il y avait des suites à ce rapport", tacle alors Violette Spillebout.
"Le rapport m'a été adressé le lendemain (...) et les conclusions du rapport sont très favorables à Bétharram", a répondu le ministre. La députée Renaissance cite alors des extraits du rapport de deux pages et demie, qui évoquent notamment le "supplice du perron", une gifle infligée à un élève ou encore des "méthodes éducatives d'un autre âge".
"Est-ce qu'il y avait, il y a 30 ans, dans les établissements, et singulièrement ceux comme Bétharram, Garaison, des méthodes un peu rudes ? Sûrement oui.", reconnaît François Bayrou. "Est-ce que j'ai lu le rapport aussi attentivement qu'il aurait fallu ? Sûrement pas, je pense que je me suis contenté de la conclusion", se défend-il alors.
Le corapporteur Paul Vannier a également cherché à connaître la position du chef du gouvernement vis-à-vis des violences faites aux enfants. Pour ce faire, il a interrogé le Premier ministre sur la gifle qu'il avait infligée à un enfant en 2002 à Strasbourg, alors qu'il était en plein campagne présidentielle.
François Bayrou se souvient d'un "moment extrêmement tendu". Il raconte : "Un petit groupe se met à éructer, contre la maire de Strasbourg, des propos d’une indécence sexiste telle que je ne les ai pas supportés". Selon son récit, il est allé à la rencontre du groupe pour leur rappeler que "Quand je suis là, on ne parle pas comme ça à une femme".
Il dit alors avoir surpris un "petit garçon en train de sortir mon portefeuille de ma poche". "Je lui ai alors donné une claque", reconnait François Bayrou qui se défend d'avoir commis un geste violent. "Ce n’était pas du tout une claque violente, c’était une tape en effet de père de famille (…). Pour moi ce n’est pas de la violence."
François Bayrou a considéré devant la commission d'enquête parlementaire sur Bétharram, que son audition avait pour but de le "coincer" pour l'"obliger à démissionner".
"Vous ne m'avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité, sur ce que j'avais fait ou pas fait, sur le soupçon d'être intervenu --soupçon insupportable-- dans l'affaire pour protéger des pédocriminels. Toute l'audition a tourné autour de ça", a dit le Premier ministre après environ cinq heures d'audition.
François Bayrou a prôné la création d'une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants, lors de son audition par la commission d'enquête de l'Assemblée consacrée au contrôle par l'État et à la prévention des violences dans les établissements scolaires, lancée sur fond d'affaire Bétharram.
Cette haute autorité comprendrait "un conseil scientifique" et un "conseil des victimes". Elle concernerait "tous les établissements" scolaires mais aussi "les associations sportives", "les associations culturelles", "les familles", a détaillé le Premier ministre, expliquant s'inspirer d'une loi adoptée en Allemagne.
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