Qu’on se sente obligé de parler des femmes le 8 mars, oui, ça m’agace. Mais il y a une chose qui m’agace encore plus. "Vous, le féminisme, c’est pas votre truc, hein ?". Cette phrase-là, elle résume l’OPA qui a été faite par certaines activistes sur un combat qui nous est commun, non seulement à toutes, mais à tous puisqu’il inclut aussi les hommes.
Depuis quelques années, celles qui critiquent la focalisation d’un certain féminisme militant sur les combats symboliques (la langue, les publicités supposées sexistes) plutôt que sur les luttes politiques, celles qui s’inquiètent d’un féminisme simpliste qui fait de toutes les femmes des victimes et de tous les hommes des bourreaux, sont accusées de n’être pas féministes. Bref, on laisse à des activistes radicales le droit de décider qui est féministe et qui ne l’est pas. Eh bien je refuse.
J’ai été élevée par une mère qui a fait ses études de médecine avec trois enfants, sans aucune aide, à une époque où les femmes étaient largement minoritaires dans les facs de médecine. J’ai moi-même trois enfants et ça ne m’empêche pas d’être une des rares femmes à diriger un journal. Je débats politique, idées, culture sans jamais me demander si celui que j’ai en face de moi est un homme ou une femme et en me foutant du fait que je suis une femme.
Et j’ai écrit un livre, il y a déjà 13 ans, L’homme est l’avenir de la femme, pour proclamer que le féminisme doit être un humanisme, un combat pour l’émancipation.
Alors, oui, quand j’embauche quelqu’un, je regarde en priorité ses compétences plutôt que de me dire que je dois choisir une femme, même si j’ai un plus grand plaisir à embaucher une femme parce que j’adore découvrir des personnalités de battantes, ou des filles lumineuses, vives. Je pense que c’est tout ça, le vrai féminisme.
Le féminisme, c’est aussi de lutter contre les violences faites aux femmes, sauf que j’en ai assez de ces activistes qui voient du patriarcat partout sauf quand une religion demandent aux femmes de cacher leur corps. J’en ai assez de celles qui croient qu’un homme qui les complimente dans la rue, c’est une agression au même titre qu’un viol. J’en ai assez de celles qui habituent les femmes à se penser comme des victimes et qui expliquent tranquillement qu’être lesbienne leur permet d’éviter d’être battue, comme si tous les hommes étaient violents.
Je crois que l’urgence, c’est de réfléchir à l’éducation des filles (et celles des garçons, bien sûr), un sujet qui a été totalement abandonné parce qu’on a cru que la mixité à l’école suffisait à régler les problèmes. Au XVIIIème siècle, on écrivait des traités d’éducation des filles.
Eh bien le mien commencerait par une réflexion sur les modèles qu’on leur donne, sur l’éloge de l’ambition intellectuelle, sur la liberté, qui nécessite de ne jamais dépendre d’autrui, et sur le plaisir et le désir, dans une société où l’on apprend aux filles à contrôler leur corps et à craindre le désir de l’autre au lieu d’exprimer le leur. Et vous savez quoi, je pense que je ne suis pas toute seule sur cette position.
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